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Chaussures

CHAUSSURES

De tous nos accessoires vestimentaires, la chaussure est celui qui compte le plus. Elle nous protège des intempéries, du relief... ; mais comment protéger la planète avec elle ?

Pratique ou fantaisiste, traditionnelle ou futuriste, confortable ou inconfortable, discrète ou voyante, la chaussure est avant tout un objet de séduction, de convoitise, de sensualité, d’élégance, d’érotisme, voire de fétichisme. Signe extérieur de féminité pour les unes, de confort pour les autres, la chaussure doit concilier beaucoup d’exigences. Accessoire vestimentaire essentiel, il en existe de toutes sortes, de tous les goûts, … Mais quoi de plus symbolique qu’une chaussure pour alléger son empreinte écologique ?

Au cours de sa fabrication, chaque modèle concentre des dizaines de composants chimiques et de matériaux polluants. De nombreux créateurs s’intéressent pourtant à des modes de production « eco-friendly » et utilisent des matériaux nobles, naturels, solides et beaux : latex végétal, corde, toiles de coton biologique, talon en bois, … les trouvailles ne manquent pas.

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Le saviez-vous ?

  • Nous n’avons rien à envier aux New-yorkaises de “Sex and the City” qui pavoisent du haut de leurs escarpins Jimmy Choo et Manolo Blahnik. Nous, les Françaises, sommes les premières consommatrices de souliers en Europe. La Fédération française de la chaussure affirme qu’en 2005, il s’est vendu 105 millions de paires. Nous craquons en moyenne pour six paires de pompes par an ! Bien sûr, et c’est bien le drame, nous en jetons autant. Bien que de nombreux composants soient réutilisables, aucune filière de recyclage n’existe pour ce produit textile particulier. Une paire abandonnée finit en général dans un incinérateur, en décharge, et pour les plus chanceuses, dans un magasin de vêtements d’occasion.

  • Fabriquer une chaussure dans les règles de l’art nécessite plus de 150 opérations. En dépit de la mécanisation, l’industrie de la chaussure reste une industrie de main d’œuvre. Il faut plus de 200 opérations manuelles et 2 heures de main d’œuvre pour fabriquer un mocassion en cuir de qualité, mais à peine 6 minutes pour une chaussure bas de gamme. Quoi qu’il en soit, il ne faut pas se fier à ce côté « fabriqué à la main », qu’elle soit en cuir, en toile, en plastique,… chaque paire est un concentré de pollution. De la colle à base de solvants au cuir tanné au chrome, en passant par les éléments synthétiques, la pompe aurait bien besoin d’un petit coup de plumeau écolo.

  • Pour les doublures et les dessus, on utilise des cuirs et des peaux (bovins, caprins, ovins, équidés, et même phoques, reptiles...). Les cuirs bruts de bovins et veaux doivent être traités par les tanneurs pour être assouplis et teints. Cette opération nécessite des métaux lourds (chrome, cadmium, aluminium, …) mais la variante écolo pratique le tannage naturel. On utilise aussi des textiles divers selon les besoins : coton pour les tennis, feutre pour les pantoufles, cordes de jute ou sisal pour espadrilles, … La plupart des modèles à base de caoutchouc et de fibres acryliques sont faits à partir de benzène (qui donne le PVC). Quant aux fournitures telles que les fils, talons, contreforts, bouts en cuir, carton, clous, colles, produits de finissage, on en trouve des plus naturels comme l’hévéa, le laiton de récup’, les colles sans solvants, …

  • La chaussure, comme la grande majorité des produits textiles, est désormais un produit d’importation. La production française décline régulièrement depuis les années 90. De 152 millions de paires en 1995, la France a produit à peine 90 millions de paires en 2001. La concurrence européenne et asiatique a porté un sacré coup à la compétitivité des entreprises françaises. Si l’on produit encore 35 millions de paires de chaussures en cuir, on en importe trois fois plus ! Il ne reste que 129 entreprises de confection en France qui emploient 12 000 personnes environ. Mais la concurrence des pays à bas salaire est quasiment imbattable : la Chine, à elle seule, produit plus de la moitié des chaussures importées en France (168 millions sur un total de 305 millions de paires sur les huit premiers mois de l'année 2008), essentiellement sur l'entrée de gamme (puisque ces chaussures chinoises représentent un peu moins du quart des ventes du secteur). En 2006, la main d'œuvre nécessaire à la fabrication d'une chaussure de sport coûtait environ 50 centimes d'euros. Une misère.
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Bonnes nouvelles

  • Les souliers estampillés bio ne font pas encore fureur. A quelques produits stars près, les clients ont encore du mal à les identifier. Pour les aider dans leur quête infinie du produit écologiquement correct, le label reste le Sésame d’un certain rapport entre producteurs et consommateurs. L’Union européenne vient de créer un label écologique spécialement réservé à nos petits petons : Eco-shoe.
    Cette « écolotiquette » assure le consommateur de pratiques environnementalement correctes : limites des concentrations résiduelles en produits toxiques (arsenic, cadmium, plomb, formaldéhyde, …), dans les cuirs, les toiles et tout composant textile du soulier. Il fixe également des limites pour l’émission de composés organiques volatils à chaque étape de la fabrication. Par ailleurs, le logo inclut les emballages : les boîtes à chaussures en carton doivent contenir au minimum 80% de matériaux recyclés. Le logo Eco-shoe est loin d’être idéal, mais il existe. Sur son site, l’Union européenne insiste sur les avantages pour le fabricant de s’offrir un tel logo : image de marque, notoriété, prestige, …, comme si les seuls avantages de faire du bien à la planète étaient commerciaux. Aujourd’hui, la majorité des fabricants européens détenant le logo sont… italiens. En France, seule Bionat dispose du logo.
    Le label peut être obtenu pour un ou plusieurs modèles. C’est au demandeur de s’acquitter des coûts des tests pratiqués par des labos agrémentés situés entre 1 500 et 2 000 euros par modèle. Délai d’attente : 4 à 9 mois.

  • La caverne d’Ali baba de la pompe bio
    Sur le portail Planet Shoes, de nombreuses marques réputées pour leur engagement en faveur de l’environnement ont été rassemblées pour présenter et vendre leurs modèles en ligne. On trouve de tout : pantoufle, tong, botte, escarpin, basket, … et toutes les marques engagées à des degrés divers : El Naturalista, Birkenstocks, Terrasoles, Sanuk, … Le site contribue à l’association 1% pour la planète dans laquelle chaque membre verse 1% de son chiffre d’affaires à des ONG environnementales.

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Ce que vous pouvez faire

  • A moins de vous appeler Imelda Marcos, la femme du dictateur des Philippines rendue célèbre par son impressionnante collection d’escarpins (elle en possèdait plus de 3 000 paires…), votre penderie ne devra pas contenir plus que nécessaire. Dans son célèbre ouvrage, L’art de la simplicité, Dominique Loreau invite chacun et chacune à alléger sa penderie et propose de ne conserver que sept paires de chaussures (marche, bottines, escaprins, intérieur, …). Essayez de mettre vos désirs en cohérence avec vos besoins…

  • Ne pas changer de chaussures comme de chemise. Privilégiez des modèles solides, fabriqués dans la mesure du possible en Europe. Ils sont plus chers mais durent plus longtemps. Pour les shopping-addicts, levez le pied sur les modèles fantaisistes qui se démodent en une saison. Et plutôt que de les bouder en les abandonnant lâchement dans votre armoire, offrez-leur une seconde vie en les offrant.

  • Alors que c’était considéré comme peu hygiénique de s’acheter des paires d’occasion, la mode vintage a changé la donne. S’offrir d’anciens modèles encore utilisables est devenu in. Vos petits petons sont uniques, vous aussi tout comme les chaussures qui vous ressemblent.

  • Plutôt que de faire son marché dans des magasins aux modèles uniformes, autant devenir un prescripteur de mode intelligente en portant des modèles équitables, écolos et plutôt originaux. Voici un petit guide des marques qui comptent, et qui montent, dans le domaine :

  • La star des baskets écolos : la Veja
    Inutile de présenter ce petit bijou d’écologie pratique. La basket Veja est née de l’imagination fertile de deux jeunes diplômés en management à HEC et Dauphine : Ghislain Morillion et Sébastien Kopp. Au cours d’un tour du monde, ils rencontrent une coopérative de producteurs d'Amazonie qui lutte contre la déforestation. La première basket Veja bio et équitable naît. Et elle voit le jour dans les magasins parisiens en 2005.
    La plupart des modèles sont fabriqués à partir d’une toile en coton biologique du Nordeste brésilien, la semelle en caoutchouc naturel provient quant à elle d'Amazonie. L’équipe Veja travaille avec 138 familles regroupées dans une association de producteurs dans l’état du Nordeste, le plus pauvre du Brésil. Les familles cultivent un coton bio à Céara. Sans engrais, ni pesticides, ni OGM, les cultures de coton sont mêlées à des cultures de maïs, de sésame et de haricots. Le caoutchouc –latex naturel- est récolté dans la forêt amazonienne par des seringueiros, des saigneurs d’hévéa qui vivent en totale autonomie. Il faut près de 10 saignées pour une paire de Veja. Pour les modèles en cuir, un cuir écologique est utilisé, c’est à dire tanné sans l’usage de métaux lourds comme c’est le cas dans les tanneries ordinaires qui assouplissent les peaux à l’aide de chrome. Les teintures, elles, sont biologiques. A noter que les puristes déplorent l’usage de cuir, qui provient d’animaux morts, pour des modèles écolos.
    Au fil des années et de son succès, la Veja s’est multipliée si bien qu’il existe plus de sept collections, y compris pour bébés. Ces chaussures restent un peu chères pour des baskets : 85 euros en moyenne…

  • L’eco-sneaks de Simple shoes
    Simple shoes est une marque du groupe australien Deckers, propriétaire de la marque UGG. Ça ne vous dit rien ces bottes de Yéti portées en plein été par Pamela Anderson, Britney et autres consoeurs prescriptrices de modes idiotes ? Peu importe. Simple shoes a sorti un modèle de basket recyclée, l’eco-sneaks qui concentre à elle seule tous les produits recyclables de la terre : semelle en pneu de vélo, lacets en chanvre, toile en coton bio, assemblage avec une colle sans solvant, doublures en bambou,  bouteilles en plastique recyclé. Les formes ayant servi à les mouler sont même en papier 100% recyclé. Leurs collections homme, femme, enfant, s’allongent petit à petit avec des ballerines, espadrilles, tongs, etc. Il existe même une paire de bottes en feutre pour femmes qui donnent des airs de lutin-warrior…
    Prix moyen 75 dollars.
    (Attention aux frais de port. Sur certains modèles, longs délais d’attente)

  • La basket politiquement incorrecte : la Blackspot
    Faire de la politique avec ses pompes, en voilà une idée. Il suffit de porter l’anti-Nike par excellence, la basket Point noir, parce que vous le valez bien ! Chez Blackspot, bien se chausser est un acte politique. Grâce à ce modèle, le citoyen qui sommeille en vous pratique un acte politique fort consistant à reprendre le pouvoir sur les multinationales. Sur leur site, les gars de l’adbuster (les anti-pubs britanniques) sont assez clairs : « notre mission est d’établir une coopérative de consommateurs pour réaffirmer la souveraineté du consommateur sur le capitalisme ». La Blackspot est la première pierre de leur édifice pour élaborer des modes de production soucieux de l’environnement et des travailleurs.
    Cette simili-Converse noire aux airs légèrement punks est fabriquée à partir de chanvre biologique, de pneus recyclés et de colle sans solvant. Directement venue de Grande-Bretagne, la basket au point blanc -contrairement à ce que son nom indique- s’enorgueillit d’utiliser du cuir végétarien. Kézako ? Du latex !
    100 dollars la paire de baskets, port inclus.
    Quelques magasins diffusent la Point noir, à Paris, Brest, Metz, etc. Voir sur le site.

  • Une Patagonia écolo
    Cela fait bien longtemps que Patagonia confectionne du textile écolo. Ne manquait à son arc qu’une corde, la chaussure. C’est désormais chose faite avec une tennis intégrant du cuir issu de fabriques certifiées ISO 14001, des semelles en caoutchouc recyclé et du latex végétal. Bref, plein de bonnes choses avec un design un peu plus traditionnel que Simple shoes ou Blackspot...
    Dans les 80 euros.

  • Les souliers qui aiment les animaux : Vegetarian Shoes
    En Grande-Bretagne, où près de 10% de la population est végétarienne, on ne mégote pas avec la souffrance animale. Car, à bien y regarder, les chaussures en cuir ne sont ni plus ni moins des animaux morts qu’on foule au pied. En 1990, Robin Webb ouvre son premier magasin de pompes végétariennes à Brighton. A l’époque, il confectionne lui-même ses chausses en utilisant des matières synthétiques en tout point ressemblantes au cuir. On peut les commander sur leur site.

  • Le sabot, chaussure bio par nature : Bosabo
    La bonne vieille paire de sabots, une promesse de rusticité et de solidité. Mais il est loin le temps du sabot de fermière imperméable aux tendances du moment. Semelles en bois de hêtre, en liège ou en caoutchouc naturel, cuir non tanné chimiquement, les sabots de Bosabo nous viennent de Normandie. Ils sont réalisés dans l'atelier à partir de matières d'excellente qualité. Pour preuve, le bois provient de la forêt domaniale normande, coupé à maturité. Chaque arbre coupé est remplacé par un nouveau. Quelques modèles s’adaptent à la mode, mais les bons vieux sabots traditionnels gardent tout leur charme.
    Commandes en ligne. Sandales à 50 euros, sabots à 60, sandales à talons à 75 euros et plus.

  • La Nike poubelle : Nike Trash Talk
    Même Nike s’y met ! Le géant de la basket, la multinationale de la chaussure de sport vient de sortir un nouveau modèle entièrement fabriqué à partir de matériaux recyclés. Dessinée pour ressembler au modèle préféré (Nike Zoom BB II low) du basketteur star des Phoenix Suns, Steve Nash, la chaussure n’a rien à envier à n’importe quelle basket lambda. Cet écolo de coeur a convaincu Nike de se lancer dans la pompe bio : rebuts de cuir synthétique, de mousse pour les semelles, de caoutchouc, … à croire que cette pompe a joué à la chaussure-balai. Mais d’après nos informations, elle n’existe qu’en série limitée…
    Elle coûte 100 dollars.

  • Le confort des pieds bios : Bionat
    Chez Bionat, on privilégie le confort, la rusticité et la solidité des modèles plutôt que l’esthétisme. Si bien que les modèles ne sont pas tous à la mode dernier cri, mais ils respirent le bien-être. L’entreprise alsacienne –seul fabricant français à détenir le logo Eco-shoe- privilégie des tannages naturels aux extraits végétaux de châtaignier ou de chêne, c'est à dire sans métaux lourds (chrome, nickel, aluminium). Les doublures sont en peaux naturelles, les semelles en lait pur d’hévéa, et, pour parfaire le tableau de la chaussure bien-être, les formes sont élaborées avec des orthopédistes pour que les pieds soient libérés. Au-delà de 3 cm de talon, la cambrure est déformée, les chaussures Bionat n’élèveront personne au-delà de cette limite. Les accros aux talons aiguilles n’ont qu’à passer leur chemin. Mais attention, cette qualité a un prix.
    Bottines à 195 euros
    Sandales à 115 euros.

  • A pieds joints dans la nature : El Naturalista
    Munies d’un look étrange, à mi-chemin entre la chaussure de lutin, de clown et le soulier distingué. Un peu rétro parfois, complètement dingo souvent, les modèles d’El Naturalista ont le mérite d’être originaux. La technique de tannage du cuir leur donne un air chiffonné, les semelles et talons en caoutchouc, quant à eux, leur confèrent un air solide mais peu sophistiqué. Semelles anatomiques, points de réflexologie, tout a été étudié pour se sentir confortable et léger.
    Les modèles El Naturalista se commandent en ligne ou dans certains points de vente (consulter leur site).

  • Sur la terre ferme…
    Les Britanniques de Terra Plana ont lancé avec humour et beaucoup de sérieux ce qu’ils appellent l’Amnistie des chaussures. En mai 2008, ils offraient 10 livres sterling de ristourne à tout client rapportant une vieille paire de chaussures, quelles qu’en soit la marque, dans leurs magasins. Leurs modèles utilisent du cuir tanné naturellement, du latex, du bois, de la mousse, des produits recyclés, … Que du bon, que du bio, mais un peu cher…

  • A la carte
    Le concept de Mohop, petite fabrique artisanale de chaussures très féminines située à Chicago ? Vendre plusieurs paires en une seule et à la carte. L’internaute choisit sa plateforme en bois (haute, moyenne, plate), des sets de cinq paires de rubans sont associés aux semelles et le laçage, différent chaque jour, permet d’obtenir desmodèles très différents selon les occasions… Acheter moins pour avoir plus, pas mal comme concept, non ?


  • Pour conclure…
    On pourrait continuer longtemps à égréner les nouvelles marques et nouvelles tendances bios du monde de la chausse. La liste ci-dessus n’est pas exhaustive, loin s’en faut. Cette relative multitude nous donne un indice : un mouvement est en marche, la chaussure écolo pointe le bout de ses orteils dans nos penderies. A chacun et chacune de choisir celle qui lui plait. Avant tout, la chaussure doit séduire celui/celle qui la porte, être confortable et durable…
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