L'enseigne de grande distribution Tesco, numéro un du marché britannique avec un septième des dépenses des consommateurs, a décidé d'interrompre son programme d'étiquetage carbone des produits après s'être engagée il y a quatre ans à étiqueter 70 000 références. Les arguments de l'enseigne soulignent notamment le caractère chronophage et coûteux du programme, selon un article de The Grocer. Tesco souligne que la méthodologie développée par Carbon Trust en Angleterre est complexe et demande plusieurs mois avant de pouvoir disposer des données effectives pour un produit. A date, les recherches d'informations nécessaires pour ce bilan carbone ont été menées sur plus de mille produits mais seuls 500 portent effectivement une étiquette carbone en linéaire. L'enseigne se dit également déçue que très peu de ses concurrents et collègues aient finalement joint leurs efforts aux siens, ce qui n'a pas permis d'obtenir l'effet de masse critique qui aurait installé la légitimité de ce nouveau critère à prendre en compte - tant par les consommateurs pour faire leur choix que par les industriels pour prendre leurs décisions en amont.
Comment interpréter le recul de Tesco, vu de France, alors que l'expérimentation sur l'affichage environnemental des produits, issue du Grenelle Environnement, bat son plein ? Dans les couloirs du Ministère de l'Ecologie, certains considèrent que ce recul est un mauvais coup du sort porté à l'idée-même d'affichage environnemental. D'autres voient les choses autrement et pensent au contraire que l'échec de Tesco sur un étiquetage mono-critère, entièrement focalisé sur le carbone, donne raison à la France et à son affichage multi-critère. Et d'avancer que, selon une enquête récente, 66% des entreprises engagées dans l'expérimentation disent qu'elles poursuivraient l'expérience de l'affichage environnemental même si la réglementation ne l'imposait pas...