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Diamants

DIAMANTS

"Le diamant est la plus belle preuve d’amour", disait il y a quelques années une publicité initiée par le secteur... mais à force d’impacts sociaux, le diamant n’est pas exactement une jolie preuve d’amour envers la planète et ses habitants.

Popularisée par le film "Blood Diamond" avec Leonardo di Caprio, la problématique sociale autour du marché du diamant est un défi pour toute l’industrie... et pour les consommateurs, qui ignorent la plupart du temps que l’éclat et la richesse des pierres précieuses cachent en réalité des pratiques d’extraction et de commerce particulièrement sombres et misérables. Petit panorama des choses à savoir pour rendre leur éclat aux pierres précieuses...

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Le saviez-vous ?

  • Plus de 60% de la production mondiale de diamants est issue d’Afrique centrale et australe (Bostwana, République démocratique du Congo, Afrique du Sud, Angola et Namibie) - les autres gisements sont en Russie et au Canada. Ce qui aurait pu paraître comme une chance pour ces pays en développement est au bout du compte plutôt une malédiction, car du fait de leur grande valeur et de la facilité à les dissimuler (à l’inverse de la drogue ou des armes), les diamants sont au cœur de nombreux trafics dans les pays ravagés par les guerres civiles.  En Sierra Leone, au Congo ou en Angola, les forces armées qui s’opposent à des gouvernements légitimes en place utilisent le profit de ce trafic pour acheter des armes et financer des actions militaires souvent sanglantes contre ces gouvernements. On estime par exemple que l’Unita, un groupe rebelle angolais, a gagné au moins 150 millions de dollars sur les ventes de diamants en 1999. Et selon l’ONG Amnesty International, 3,7 millions de personnes seraient mortes dans des guerres civiles financées par le trafic de diamants en Angola, au Congo, au Libéria et en Sierra Leone. Pour ne rien arranger, ces rebelles ne s’embarrassent pas avec le respect des droits de l’Homme dans l’exploitation des mines qu’ils contrôlent : viols, amputations et esclavagisme sont la face cachée des diamants.
  • Depuis les années quatre-vingt-dix, les organisations internationales et les ONG ont dénoncé le commerce des "diamants du sang" en provenance de ces pays ainsi que le système de blanchiment de l’argent sale qui écoule des millions de carats sur les grands marchés diamantaires d’Anvers (Belgique), de Tel-Aviv (Israël), de Bombay (Inde). En 2000, si selon l’industrie les diamants "sales" ne représentent que 4% du commerce mondial, les ONG l’estiment de leur côté à près de 20% du marché.
  • Pour ne rien arranger, on trouve de nombreux enfants dans toutes les industries dites extractives, et notamment dans les mines d’or et de diamants, en Inde, au Pérou, en Afrique et en Amérique du Sud. En Colombie, selon une enquête du BIT datant de 1993, 45 % des ouvriers des carrières avaient entre 10 et 15 ans et 20 %, soit un sur 5, ont entre 5 et 9 ans. Et toujours selon le BIT, un million d’enfants âgés de 5 à 17 ans travaillent dans les mines artisanales. L’extraction engendre également un travail de sous-traitance qui utilise grandement les enfants : la taille des pierres précieuses. Pour la seule taille des diamants, les ateliers de Joipur et Surot emploient 65 000 enfants qui taillent et polissent 65% des diamants du monde entier. Ils travaillent souvent 100 heures par semaine, vivant et dormant sur leur lieu de travail.
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Bonnes nouvelles

  • Un grand pas en avant a été fait en mai 2000, à l’initiative de l’Afrique du Sud et de diverses ONG, avec le processus de Kimberley, qui a pour but la certification de l’origine des pierres. Réunissant les gouvernements de 50 pays producteurs, transformateurs, importateurs et exportateurs de diamants bruts, mais aussi la société civile, l’industrie du diamant, les associations de défense des droits de l’Homme, ce processus vise à empêcher les "diamants du sang" de pénétrer sur les marchés nationaux. Concrètement, tous les pays producteurs ou distributeurs sont désormais contraints, depuis son entrée en vigueur en janvier 2003, de fournir un certificat d’origine pour chaque diamant, attestant ainsi qu’il ne provient pas d’une zone de conflit. Malgré cela, encore aujourd’hui, le manque de mobilisation de certains gouvernements pour la mise en application freine l’efficacité de ces accords et le Conseil Mondial du Diamant (WDC), organisme responsable de la coordination des efforts des industriels pour enrayer le problème des diamants en provenance de zones de conflit,  est loin de contrôler la mise en application du système d’autorégulation au niveau mondial. Et la mise en œuvre des engagements du processus de Kimberly n’est pas du tout évidente, si l’on en croit l’enquête annuelle menée par Global Witness et Amnesty International dans les points de vente de diamants aux Etats-Unis.
  • En parallèle, des initiatives individuelles voient le jour. En 2005, 14 entreprises impliquées dans la filière joaillière or et diamants (parmi lesquelles Tiffany  et Cartier) ont créé le Conseil pour des Pratiques Joaillières Responsables afin de restaurer un climat de confiance  grâce à un "cadre de pratiques responsables" applicable aux 370 membres et dont le respect est vérifié de manière indépendante. La même année, le géant De Beers (qui contrôle 65 % du commerce mondial de pierres brutes) et l’ONG de défense des droits de l’Homme Global Witness ont lancé l’initiative "Diamants pour le Développement" afin d’étendre le processus de Kimberley au million de mineurs artisanaux qui exploitent les diamants en rivière en Afrique.
  • Les ONG se mobilisent également : ainsi, pour la Saint-Valentin 2006, Global Witness et Amnesty International se sont associées pour publier le premier guide d’achat responsable de diamants à l’attention du grand public.
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Ce que vous pouvez faire

  • Renseignez-vous sur les démarches volontaires de vos joailliers : certaines entreprises du secteur commencent à s’engager vers plus de transparence et des pratiques plus responsables. Ainsi une  campagne de publicité dans le New York Times publiée à l’occasion de la Saint-Valentin 2006 par le collectif No Dirty Gold cite Tiffany aux côtés d’autres joailliers recommandés (comme Helzberg, Signet, Fortunoff, Cartier, Piaget, Van Cleff & Arpels et Zale Corporation).
  • Si vous ne disposez d’aucune information a priori et face à l’opacité de l’industrie, les ONG appellent les acheteurs à poser systématiquement à leur joaillier les questions suivantes :
    - Comment puis-je être sûr(e) que les bijoux que vous vendez ne contiennent pas de diamants provenant de régions où leur trafic sert à financer des guerres civiles ?
    - Savez-vous de quels pays viennent les diamants que vous vendez ?
    - Où puis-je consulter la politique de votre entreprise sur les diamants du conflit ?
    - Pouvez-vous me montrer le certificat d’origine écrit de votre fournisseur de diamants attestant que les pierres qu’il vous vend ne sont pas des diamants du conflit ?
    - Et à défaut de garantie écrite, abstenez-vous ou creusez un peu plus la question de l’origine géographique qui est une autre garantie. Après tout, si les pierres brutes proviennent des Etats-Unis ou du Canada, il est à peu près certain qu’elles n’ont pas servi à financer une guerre civile ! Par contre, si l’on vous dit qu’elles viennent d’Afrique sans autre précision, il est possible qu’il s’agisse d’une région à conflits comme par exemple la Côte d’Ivoire ou le Libéria.

  • Dans tous les cas, en ce qui concerne l’or et les pierres précieuses, gardez en tête que la récupération et le recyclage sont des pratiques tout à fait adaptées pour ces matériaux précieux qui ne perdent pas de valeur avec les années. De plus, les bijoux anciens ont souvent autant de cachet, si ce n’est plus, que les neufs… sans compter le plaisir de les "chiner" ! Si au fil des ans un bracelet, une bague, une broche ou un collier ne vous plaît plus, pensez donc à questionner votre bijoutier sur les possibilités de le transformer…plutôt que de le laisser au fond de la boîte à bijoux.
  • En parallèle, certaines petites entreprises de joaillerie profitent judicieusement de la lenteur des grands groupes pour proposer une offre alternative de « bijoux responsables » fabriqués avec des pierres et des métaux  précieux dont l’origine et la qualité sociale ou environnementale sont certifiées. Malheureusement, de telles entreprises sont encore peu courantes en France, mais voici tout de même quelques exemples :
    - l’entreprise GreenKarat, membre du club 1% For The Planet (club international d’entreprises engagées à verser 1% de leur chiffre d’affaires au profit d’organisations environnementales), a créé une ligne de bagues de mariage et de fiançailles  à partir d’or et de pierres recyclées;
    - la maison Leber Jeweler, basée à Chicago depuis sa création en 1921, propose des bijoux fabriqués à partir de métaux précieux recyclés et plus largement de pierres précieuses issues du commerce équitable et de diamants canadiens  ;
    - Shining Light Jewelry, établie depuis 20 ans dans l’Oregon aux Etats-Unis, vend des bagues en or et platine issus du commerce équitable et produits dans le respect de l’environnement  dans le cadre notamment du programme Green Gold.
    - SilverChilli est une entreprise anglaise qui s’est spécialisée de son côté dans les bijoux en argent fabriqués au Mexique dans les conditions du commerce équitable.
    - Enfin, Brilliant Earth est une entreprise canadienne qui utilise pour ses bijoux des diamants certifiés non-issus de zones de conflit mais aussi de l’or et de l’argent recyclés.
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