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Oeufs

OEUFS

Marchez sur des oeufs pour en manger !

Même si le "bacon and eggs" n'a pas encore détrôné la tartine de pain grillé au menu du petit déjeuner préféré des Français, l'oeuf est l’un des produits-phares dans notre alimentation. La France est en effet le premier producteur et consommateur d'oeufs en Europe, avec en moyenne 251 oeufs par personne et par an  (contre 174 pour les Anglais …). Étonnant ? Pas tout à fait, car environ 25% de ces oeufs sont consommés sous forme d'ovoproduits, des produits dérivés de l’oeuf en quelque sorte, dans lesquels l'oeuf ou certains de ses éléments sont utilisés comme émulsifiant, colorant, coagulant, aromatisant, liant, etc. Autant de cas, donc, où le consommateur n’a même pas forcément conscience de consommer un oeuf, et ne se pose plus du tout la question de sa provenance. Pourtant, aujourd'hui, la production avicole dominante est bien loin de l’image d’Epinal des poules picorant joyeusement dans la basse-cour.  Et les études montrent que pour la grande majorité des consommateurs, la fraîcheur et l’assurance d’avoir des oeufs sains constituent les principaux critères de choix, bien avant le mode d’élevage, l’alimentation et le bien-être des poules. Encore faudrait-il s’entendre sur ce qu’est un oeuf sain…

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Le saviez-vous ?

  • L'élevage en batterie, dont les conditions sont plus qu'inconfortables, concerne près de 90% des poules pondeuses dans notre pays : les animaux sont répartis dans des cages individuelles empilées sur plusieurs étages et rangées, à l’intérieur d’un bâtiment fermé et éclairé de manière intensive pour améliorer le rendement de la ponte… Concrètement, la taille réglementaire de l’espace vital par poule pondeuse dans des cages de batterie est passée de 450 à 600 cm2 (la taille d’une feuille de papier au format A4 !) et devrait encore augmenter à 750 cm2 en 2012 … mais pour beaucoup d’observateurs, allant des responsables politiques aux militants écologistes, les conditions d’élevage industriel restent encore scandaleuses . Les animaux peuvent à peine bouger ni même se retourner, de sorte qu’ils développent souvent des comportements agressifs, que l’on prévient… en coupant les becs des poules  pour qu’elles ne puissent mordent l’animal situé dans la cage juste devant. Naturellement, les œufs ainsi produits ont peu de choses à voir avec les œufs fermiers… à commencer par la couleur du jaune, qui est en réalité beaucoup plus pâle que ce à quoi nous sommes habitués, et presque blanc en fait. Mais c’est sans compter l’ajout de colorants synthétiques à l’alimentation industrielle des poules (comme la Canthaxantin, interdite dans l’alimentation humaine car elle provoquerait des risques de cécité chez les jeunes enfants) qui donnent artificiellement au jaune une belle couleur dorée, choisie par les éleveurs sur un nuancier de couleurs testées préalablement auprès des consommateurs afin d’identifier la couleur-cible qui évoque le plus l’œuf fermier !
  • Les élevages alternatifs avec un parcours extérieur en plein air ne représentent donc que 10% de la production (dont la moitié sont des élevages de poules de "plein air", un quart d'élevage bio et un quart d'élevage avec "libre parcours") .
  • Les vrais labels et les fausses allégations fleurissent sur les boîtes d’œufs, de sorte qu’il est parfois difficile de s’y retrouver, même pour les consommateurs attentifs. Voici un aperçu rapide des différentes mentions que l’on retrouve sur les œufs  :
-    « Frais » signifie que l’œuf a été pondu il y a moins de vingt-huit jours  et « extra frais » qu’il a été pondu il y a moins de neuf jours.

-    « Elevage au sol » : il s’agit en théorie toujours d’un élevage en volière fermée, mais les poules sont plus libres de leurs mouvements, et disposent de perchoirs, avec une densité limitée à 7 poules par m2 depuis janvier 2007.

-    « Plein air » et « Libre parcours » : les animaux, qui sont élevés en volière avec une densité maximale de 7 poules par m2, ont accès à un terrain extérieur partiellement recouvert de végétation, où les poules bénéficient de 4m2 par animal et peuvent s’y rendre librement dans le cas du « libre parcours ».

-    « Label Rouge » : les œufs proviennent de poules élevées dans les bâtiments où la densité est limitée à 9 individus par m2, avec un accès en « plein air » (5m2 par poule). Pour le Label Rouge comme pour les mentions Plein air ou Libre parcours, l'alimentation des poules est garantie 100% végétale et composée de céréales à 60% minimum, sans médicaments.

-    « AB - issus de l’agriculture biologique » : les œufs proviennent exclusivement de poules élevées en plein air, qui ne peuvent être gardées en cage et sont issues le plus souvent de petites fermes, limitées à 4 500 individus en volière, avec une densité de 6 individus au m2, un parcours heberux de 4m2 minimum par poule et une alimentation composée à 90% d’ingrédients issus de l’agriculture biologique, sans OGM ni antibiotique.
  • Evidemment, toute autre mention figurant sur l’étiquette (genre « saveur d’antan » ou « de ferme ») est une auto-déclaration du producteur qui n’a rien à voir avec une garantie officielle de qualité
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Bonnes nouvelles

  • La mise en place en 2012 de la directive européenne "bien être" vise à terme la suppression de l’élevage en cages conventionnelles et tend à favoriser le développement des systèmes alternatifs. Une bonne nouvelle pour quiconque a vu le film « Notre pain quotidien» qui dénonce notamment, avec des images choc, les conditions d’élevage des volailles, destinées au marché de la viande et des œufs ! Cette directive devrait donc améliorer les conditions de vie des poules : cages plus spacieuses,  équipées de nids et de perchoirs… Mais en attendant, c'est au consommateur de rester vigilant.
  • Certaines enseignes de la grande distribution commencent à prendre des engagements afin d'améliorer leur filière d'approvisionnement. C'est le cas de l’enseigne britannique alimentaire Iceland, qui a interdit, pour les produits vendus sous sa marque, l’utilisation lors de l’élevage de tous les colorants artificiels, y compris ceux utilisés pour les coquilles et les jaunes d'œufs. En 2005, le leader américain de la distribution de produits biologiques Whole Foods Market a annoncé qu’il ne vendrait plus dans ses magasins que des œufs pondus par des poules élevées en liberté. Une annonce suivie par celle, début 2007, du leader de la grande distribution en Angleterre Mark & Spencer qui s'est ainsi engagé à ne plus vendre que des œufs ou des ovoproduits provenant d'élevages "Libre Parcours". Coop Suède, entreprise pionnière de la responsabilité sociale et environnementale dans son secteur, s’est engagée dès 2002 à ne plus vendre des œufs de poules élevées en batterie et fait la promotion des œufs bio certifiés du label nordique Krav - sans perdre le sens de l'humour  : ses spots TV représentent un poule chevauchant une moto à la conquête des grands espaces ou l’enseigne expose dans les rues de grandes métropoles d'étroites cages ouvertes au public avec le slogan "Coop Konsum a arrêté de vendre des œufs de poules élevées en batterie. Prenez 7 personnes dans la cage avec vous et vous comprendrez pourquoi" … Aux Etats-Unis, Walmart, le leader de la grande distribution américaine, a annoncé que les oeufs de poules élevées en cage ne seraient plus proposés dans ses rayons d'ici 2015.
  • Alors que 2/3 des œufs vendus en France proviennent d’élevage en cage, l’enseigne Monoprix a annoncé qu’elle retirait tous les œufs de catégorie 3 (élevage en cage) de ses rayons à compter du 11 avril 2016. Déjà en 2013, le distributeur s’était engagé en faveur du bien-être animal en faisant le choix du 100% plein air pour tous ses œufs en marque propre.
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Ce que vous pouvez faire

  • Achetez exclusivement des œufs portant le Label Rouge, le label Bleu Blanc Coeur (qui garantit un profil nutritionnel amélioré en graisses et notamment un meilleur rapport omégas 3/6 grâce à une alimentation des poules pondeuses enrichie en lin) ou mieux encore en « libre parcours », ou alors issus de l’agriculture biologique. Ne vous laissez pas leurrer par les garanties auto-proclamées que l’on trouve parfois sur les boîtes comme « de ferme », « saveur d’antan », « œufs de basse cour », « œufs frais » ou « œufs datés ».
  • Evitez si possible de manger des oeufs dont vous ignorez la provenance, à la cantine ou au restaurant notamment (surtout quand les œufs sont d’emblée servis en rondelles), et n'hésitez pas à demander d'où viennent les œufs que l’on vous sert.
  • Pensez aussi à être vigilant sur les aliments industriels non-biologiques tels que les pâtes aux œufs frais (préférez-leur des pâtes au blé dur !), mayonnaises, flans et autres desserts : à eux seuls, ils représentent plus du tiers des œufs de batterie consommés en France .
  • Et suivez les conseils des associations qui recommandent d’écrire aux services consommateurs des fabricants de ces produits pour leur demander de changer d'approvisionnement et de le signaler clairement : fin 2000, l'effectif de poules pondeuses avec parcours était évalué en France à 4,9 millions de poules (sur 60 millions !) dont 28 % de poules bio, et l’augmentation de la demande des consommateurs reste à terme la meilleure façon d’augmenter ce chiffre.
Pensez aussi à consulter cette brochure très bien faite "Lequel de ces oeufs allez-vous choisir ?" . Elle vous aide à identifier la provenance des oeufs que vous voulez acheter.
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