Utopies © - Fashion for good - Les futurs de la marque responsable, comment ouvrir les voies d'une mode durable et désirable Le vrai coût des prix bas La vie locale Choix par défaut, choix sans défaut
Une initiative de
Utopies © - Agence qui se donne pour charge de promouvoir la responsabilité sociale auprès des entreprises et le développement durable.
Mode

MODE

Nos vêtements sont un peu comme une seconde peau qui nous protège et souligne notre personnalité. Mais c'est un acte d'achat dont nous n'imaginons pas les impacts sociaux et environnementaux !

Heureusement, il existe aujourd’hui des vêtements élaborés selon des procédés écologiques et proposés par des marques respectant une charte éthique. Souvent de très bonne qualité, ils s’avèrent plus sains mais aussi plus « durables » que les vêtements issus de la production conventionnelle. Des avantages qui ne doivent pas nous dispenser, à l’échelle planétaire, de réduire notre consommation de vêtements parfois frénétiquement stimulée par les modes  et les soldes !

Afficher Masquer

Le saviez-vous ?

  • En 2007, les Français dépensent 711 euros par an et par foyer en vêtements, et un quart de ces achats sont réalisés dans les chaînes textile de centre-ville. Le prix moyen d’un vêtement acheté est 12,60 euros et 41% des dépenses textile se font dans le cadre de soldes et de promotions.

  • La production d’un T-shirt monopolise environ 35 mètres carrés de champ de coton, et le coton est le troisième consommateur d’eau d’irrigation de la planète, après le riz et le blé, avant le maïs et les fruits et légumes. On a d’ailleurs vu la mer d’Aral, en Asie centrale, s’assécher à moitié et les marécages environnants disparaître à 95 % à partir du moment où cette région a été vouée à la production de coton.

  • Le nylon met 40 ans pour se dégrader, c’est-à-dire 80 fois plus que le coton et à peu près 10 fois plus que la laine.

  • Le prix de revient d’une chemise « non équitable » fabriquée au Népal  est de 12 €, dont 1,5 € est reversé au producteur, alors qu’une chemise «équitable» fabriquée dans le même pays représente un coût total de 20 €, dont 3,34 € reviennent au producteur.
Afficher Masquer

Les trucs verts à connaître

1. LE COTON, FAUX-AMI DE LA PLANETE

Le coton n’a que l’air d’une fibre naturelle… hélas sa culture est un véritable désastre sanitaire et environnemental : sur seulement 2,5 % des surfaces cultivées, mais avec 25 % des insecticides utilisés dans le monde et jusqu’à 30 traitements chimiques par an, elle entraîne chaque année l’intoxication d’un million de personnes et le décès de 22 000 autres. Les premières victimes sont les récoltants car les engrais, pesticides et désherbants provoquent de terribles affections cutanées et pulmonaires. Un aspect moins connu, mais également préoccupant de la culture du coton, est celui de l’irrigation. Produire 1 kg de coton nécessite 75 g de pesticides, 2 kg d’engrais chimiques et entre 7 000 et 29 000 litres d’eau. L’assèchement de la mer d’Aral, après que les fleuves aient été détournés en faveur des champs de coton, en est le plus triste exemple.
Préférez donc le coton biologique (portant par exemple le label Skal), dont la culture progresse rapidement, en provenance de pays comme les USA, la Turquie ou l’Égypte.

2. LES TEINTURES ET TRAITEMENTS

La culture n’est que la première étape de la fabrication d’un vêtement en coton. Après avoir été récolté, égrené, filé et tissé, il doit être « ennobli ». L’ennoblissement désigne la succession de traitements chimiques – plus nocifs les uns que les autres ! – infligés aux fibres textiles pour leur conférer certaines caractéristiques. Par exemple, pour obtenir une chemise « sans repassage », on la traite avec des résines synthétiques contenant du formaldéhyde. Pour lui donner un aspect soyeux, on l’imprègne de soude caustique. Le traitement « anti-taches » est à base de résines. Quant aux 4000 colorants chimiques utilisés pour la teinture et l’impression, ils peuvent provoquer des allergies, notamment ceux contenus dans les teintes bleues que l’on trouve dans les doublures de vêtements en acétate et polyester.
Avec le coton bio, on évite une grande partie de ces problèmes. Pour le blanchiment, le peroxyde d'hydrogène ou l'eau oxygénée remplace avantageusement le chlore. Les teintures utilisées sont garanties sans métaux lourds et il existe 75 variétés de coton coloré naturellement. Sinon, apprenez à repérer le label Oeko Tex (Confiance Textile), qui garantit depuis 1992 l’absence de substances indésirables pour la santé et l’environnement dans les produits finis (interdiction de métaux lourds, de formaldéhydes, contrôle de la nocivité des colorants et de la qualité des eaux usées). Une alternative est de rechercher des produits textiles portant l’écolabel européen, qui garantit des impacts réduits sur l’environnement et la santé  tout au long du cycle de vie du produit.

3. LE COTON EQUITABLE, QUELLE GARANTIE ?

Depuis 2005,  on trouve le label de commerce équitable Max Havelaar en France sur des vêtements en coton : la garantie ne porte pas sur la transformation du coton ou sur la confection des vêtements, mais déjà sur la production du coton, assurée par des petits producteurs du Sud équitablement rémunérés (c’est déjà beaucoup car dans certains pays comme l’Inde, les conditions de vie et l’endettement sont tels qu’on a vu des vagues de suicides chez les producteurs). Certains estiment que cette démarche a des limites, dont le fait de ne pas couvrir la conception ou encore le fait que si le coton n’est pas bio, il menace de toute façon la santé des producteurs, même s’ils sont  bien payés… Il n’empêche que ces produits ont le mérite d’exister et se développent, portés par des marques ou enseignes comme Armor LuxCélioCoraEiderHacot et Colombier,  Hydra,  Kindy ou La Redoute.

4. LE VOYAGE DE NOS VETEMENTS

Le pays de fabrication affichée sur l’étiquette de nos vêtements ne doit pas nous abuser sur le fait que la réalité est souvent plus complexe et complètement ignorée du client : un pantalon en jean, par exemple, peut mêler sur un produit vendu en France du coton indonésien confectionné au Bangladesh, avec une fermeture éclair bangladaise et des boutons ou rivets venus de Hong-Kong ! Dans Les Aventures d'un tee-shirt dans l'économie globalisée, Pietra Rivoli, professeur associée à l'université Georgetown, retrace le parcours d’un tee-shirt en coton texan acheté 5,99 dollars en Floride. Les balles de coton dudit tee-shirt quittent le Texas pour emprunter les routes américaines vers la Californie. Chargées sur des bateaux, elles arrivent à Shanghai où le coton est transformé en fils puis en vêtement. Enfin des conteneurs remplis de tee-shirts sont chargés au port de Shanghai, traversent l'océan Pacifique et accostent à Miami… point de départ des balles de coton texan !
À titre d’exemple, le circuit d’une écharpe en coton bio de Seyes est nettement plus court : Maddhya Pradesh, Bombay, Allemagne, Rouen et Roanne… Autrement dit : plus la marque est grande et mondialisée, plus le vêtement a des chances d’avoir voyagé loin sans ménager la planète (l’ADEME a calculé que le transport représentait 6% au total de l'impact environnemental d’un jean) !

5. LES AUTRES FIBRES NATURELLES

Les autres fibres naturelles végétales (lin et chanvre) ou animales (laine et soie) sont beaucoup moins traitées que le coton en production conventionnelle. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’elles sont écologiques. La majorité des vêtements en laine vendus dans le commerce sont confectionnés avec des laines venues d'Australie et de Nouvelle-Zélande et, de la toison au pull-over, les différentes opérations ne relèvent pas vraiment de l’écologie : le lavage est particulièrement polluant, la teinture et les divers traitements sont souvent à base de résines afin d’empêcher le feutrage et de permettre le lavage en machine. Quant aux vêtements en soie, ils proviennent exclusivement de pays asiatiques, sans aucune garantie sur les traitements subis aux divers stades de la production. De petites quantités de soie chinoise bénéficient d'une certification bio, mais cette soie reste quasi introuvable sur le marché français. Parmi les autres « nouvelles » fibres d’origine naturelle que vous pourrez croiser au fil de votre shopping écologique, citons les fibres de soja ou l’Ingeo issu de l’amidon de maïs - à éviter en raison du fort risque de culture intensive dans les deux cas, et d’OGM pour le maïs.
Si vous le pouvez, préférez des matières comme le chanvre ou le lin, dont la culture nécessite cinq fois moins d’eau, de pesticides et d’engrais que le coton. Une alternative qui se développe, par exemple avec la marque de lingerie g=9,8, est le Lenpur, extrait des chutes d’élagage de pins blancs (surtout cultivés en Chine et au Canada pour le moment). Et on trouve désormais beaucoup des vêtements en fibre de bambou qui présente lui aussi l’avantage de pousser sans engrais ni pesticides, mais dont la transformation (quand elle n’est pas mécanique) se fait chimiquement avec des solvants comme l’hydroxyde de sodium ou le disulfide de carbone, de sorte que si le bilan global est meilleur que le coton, certains appellent quand même des process plus écologiques… En attendant, comme pour le coton, il peut être intéressant de privilégier le label Oeko Tex déjà évoqué.


6. LES TEXTILES SYNTHÉTIQUES

En ce qui concerne les textiles synthétiques, il faut distinguer deux catégories de fibres chimiques : celles dites synthétiques (nylon, polyester, polyamide, acrylique), obtenues par synthèse à partir de dérivés du pétrole et qui peuvent dans certains cas être recyclées (Patagonia propose ainsi la récupération et le recyclage de sous-vêtements en polyester, utilisés pour produire de la matière première neuve) ; et celles dites artificielles (rayonne, viscose), obtenues  chimiquement à partir de cellulose, matière première naturelle. La viscose est obtenue par dissolution de la cellulose dans de la soude caustique, puis extrudation de cette solution dans un bain d'acide sulfurique et de sulfate de soude qui, en produisant une coagulation, permet la formation de filaments. Ainsi, même si la matière première est d’origine renouvelable, le procédé est loin d’être écologique ! Et il l’est encore moins pour les fibres synthétiques. La synthèse du nylon fait intervenir des produits toxiques tels que l'acide cyanhydrique, l'acide nitrique et le toluène. De quoi chasser immédiatement toutes ces fibres de sa garde-robe ! Aujourd'hui, cependant, des alternatives apparaissent : le Lyocell ou  le Tencel, par exemple, sont obtenus à partir de la cellulose du bois selon des process moins polluants, et on les préfèrera pour cette raison avec le label Oeko Tex.

7. QUELLE ETHIQUE SUR L’ETIQUETTE ?

Les questions de délocalisation et de sous-traitance de l’industrie textile dans les pays émergents posent le problème des conditions de travail et du salaire. Dans une usine du Bangladesh qui produit pour de grands distributeurs européens, une opératrice de machine confirmée travaille de 60 à 90 heures par semaine pour gagner l’équivalent de 25 euros par mois : pas assez pour vivre décemment ni envoyer de l’argent à sa famille restée à la campagne. À travers le monde, des millions d’ouvrières de l’habillement vivent des situations similaires. Au milieu des années 90, le nombre d’enfants travaillant dans l’industrie du vêtement s’élevait à plusieurs dizaines de milliers. Sous la pression des États-Unis, alors premier client du Bangladesh, les entrepreneurs et les autorités publiques ont accepté de remédier à cette situation. Et heureusement, les campagnes de sensibilisation « Vêtements Propres » reviennent régulièrement sur la responsabilité des distributeurs et des marques.
Historiquement, la seule option consistait à se fournir dans des réseaux alternatifs, comme Artisans du Monde, où la transformation du coton et la confection des vêtements répondent aux critères du commerce équitable. Mais on n’y trouve pas toujours le modèle de jupe ou de robe un peu stylé que l’on cherche… Et du côté des grandes marques, à moins de se mettre à éplucher les audits sociaux des fournisseurs quand elles les fournissent, pas évident de s’y retrouver et s’assurer de la qualité sociale minimale des vêtements que l’on convoite. Concrètement, pensez à consulter les évaluations régulièrement publiées par le Collection De l’Ethique sur l’Etiquette et aussi, de manière croissante, par les magazines des associations de consommateurs Que Choisir et 60 Millions de Consommateurs (qui a par exemple publié en décembre 2007 une évaluation sur ces questions des principales marques de jean).

8. LE LAVAGE ET LE SECHAGE


Le lavage, avec le séchage, constitue l’étape la plus énergivore de tout le cycle de vie d’un vêtement. En moyenne, les lavages répétitifs représentent environ 60 % à 70 % de toute l’énergie nécessaire depuis la récolte et peuvent atteindre 90 % si l’on ajoute le séchage en machine, voire le repassage. D’où ces quelques règles de base et de bon sens : porter ses vêtements plusieurs jours par semaine au lieu d'un seul, lorsque cela est possible ; les laver après plusieurs utilisations (l’ADEME estime à cinq utilisations le niveau minimal pour un jean) et dans une machine de classe A, à froid s’ils ne sont pas trop tâchés, en pensant à doser mieux (et donc moins) la lessive ; et enfin éviter le repassage lorsque possible (une personne sur deux repasse ses jeans) ainsi que le séchage en machine.


9. LE PRESSING


Le solvant couramment utilisé pour le nettoyage à sec, le perchloréthylène (surnommé « perchlo »), est  réputé toxique pour l’environnement et notre santé. Le développement de cancers du foie et des reins a été observé chez des animaux de laboratoire, et cet effet cancérogène a été confirmé chez l'homme. Dans l'Union européenne, ce solvant est classé comme «nuisible à la santé» et «dangereux pour l'environnement». Du coup, certains pays ont déjà réagi et d'ici 2020, ce produit sera totalement retiré du marché américain. Il existe des solutions de remplacement ; à Disneyland Paris, par exemple, les textiles sont nettoyés au siloxane, un solvant du type silicone, non toxique. En France, des teintureries écologiques commencent à voir le jour, comme ceux du réseau Nature et Propreté. Privilégiez-les si possible, et plus généralement évitez le pressing : si toutefois vous ne pouvez y couper, pensez à aérer vos vêtements avant de les ranger ou de les porter…


10. LE RECYCLAGE ET LE DON DE VETEMENTS

Nous utilisons environ 15 kg de textile, principalement des vêtements, par an et par personne. Mais 85 % de nos vêtements finissent à la poubelle ! Et comme la récupération n’est pas prévue dans le tri sélectif, ils échouent dans un incinérateur ou une décharge … Pour les 15 % de vêtements recyclés, deux filières principales : le recyclage industriel avec la filière chiffon d’essuyage, en perte de vitesse, et celle de l’effilochage qui consiste à réutiliser la fibre pour fabriquer de nouveaux vêtements. Parmi les initiatives dans ce domaine, outre les programmes récemment lancés par Patagonia ou Lafuma sur le domaine des vêtements techniques de sport, saluons le travail de l’association Recyclaid qui récupère à Paris et dans plusieurs grandes villes de province près de 4 500 tonnes de vêtements en porte-à-porte : une partie est envoyée en Tchéquie et Slovaquie, et les plus abîmés sont transformés en chiffons. Sur le site www.digitroc.com/dons.php vous pouvez proposer un lot de vêtements à donner ou à échanger avec une personne habitant dans votre département (ou limitrophe). Enfin, rien ne vous empêche de leur offrir une seconde vie en organisant une ronde de vêtements avec vos connaissances et amis !
Afficher Masquer

La question qui tue !

EN PORTANT UNE « POLAIRE », EST-CE QUE JE PARTICIPE AU RECYCLAGE ?
   
Si 25 bouteilles plastiques en PET (type bouteille d’eau ou de soda) permettent de faire un pull en polaire, seulement 4 bouteilles plastiques sur 10 sont recyclées actuellement en France. Et contrairement à une idée reçue, tous les vêtements en polaire ne sont pas fabriqués à partir de bouteilles plastiques car le polyester recyclé est une matière plus coûteuse que le polyester vierge. Les bouteilles plastiques sont lavées, hachées et transformées en confettis qui sont ensuite fondus et transformés en fibres fines de polyester. Celles-ci sont alors tricotées et teintes pour être transformées en vêtements. Patagonia a été le premier fabricant à utiliser du polyester recyclé, permettant ainsi le recyclage de 92 millions de bouteilles plastiques PET depuis 1993. Chaque fois que 3 700 bouteilles sont recyclées (pour fabriquer 150 pulls), on économise un baril de pétrole (168 litres) et surtout une ressource non renouvelable.
Afficher Masquer

Où trouver ça ?

Avec le MARCHE CITOYEN : trouvez les commerçants bio, équitables ou solidaires près de chez vous ! Vêtements en matières biologiques
- Accessoires
- Fripes
- Vêtements adultes
- Vêtements enfants


www.ideocollection.com
www.ethosbio.net
www.ekyog.com
www.jaeladesailes.com
www.lesateliersdelamaille.com
www.les-racines-du-ciel.com
www.g98.fr
www.monsieurpoulet.com

Et pour les enfants
www.laqueueduchat.com,
www.monpetitoko.com,
www.loulidesbois.fr,
www.lekakapo.fr

Cycle de vie des vêtements
www.journaldunet.com/economie/expliquez-moi/itineraire-tee-shirt
www.seyes.fr/site/filiere.html

Ethique  et industrie textile
www.vetementspropres.be
www.ethique-sur-etiquette.org
www.quechoisir.org
www.60millions-mag.com

Réseau de pressings écologiques
www.nature-proprete.com

Recyclage et don
www.patagonia.com
www.lafuma.fr
www.recyclaid.org
www.digitroc.com/dons.php
www.lerelais.org

Pour en savoir plus :
-    Vêtement, la fibre écologique / Myriam Goldminc et Claude Aubert (éd. Terre Vivante)
-    Les aventures d’un tee-shirt dans l’économie globalisée / Pietra Rivoli (éd. Fayard)
-    Les dessous de l'or blanc, la face cachée de nos vêtements /  Karine Sabatier-Maccagno et Loïc Hamon (Editions Elka) – bande dessinée pour les enfants à partir de 8/9 ans
envoyer l'article : Mode