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Bijoux fantaisie et accessoires

BIJOUX FANTAISIE ET ACCESSOIRES

Sacs, bracelets, colliers ou montres : les bijoux fantaisie ont envahi nos vies et nos vitrines, mais leur éclat est souvent terni par leurs impacts sociaux et environnementaux. Petit guide vert des accessoires chics et écologiques...

La mode existe partout dans le monde, sous des formes très variées, stimulant la création à travers les époques. Mais l’exploitation de ses codes par l’industrie, pousse d’une part les fabricants à négliger les aspects sociaux et environnementaux, et d’autre part les citoyens à jeter et surconsommer. Les accessoires de mode et bijoux fantaisie, réalisés à partir de dérivés du pétrole (plastique souvent), par une main d’œuvre lointaine et « bon marché », ne sont pas durables. D’autant que les marques les démodent volontairement, à une cadence aussi rapide que possible, afin de vendre la prochaine collection.
Heureusement, le marché veut répondre à la demande pressante d’un public en quête de sens. Sacs, bracelets ou colliers, valent surtout par leur dimension symbolique : ce qu’ils disent des personnes qui les portent. Or certains créateurs parviennent aujourd’hui à réconcilier mode et éthique, dessinant des objets aussi branchés que durables. Sacs en bâche recyclée, colliers en ivoire végétal, montres à remontage manuel et autres bagues en os de chameau ou  corne de zébu, issus de filières équitables et écologiques, contribuent à cette nouvelle esthétique. Autant de produits plus durables, à condition de choisir des « basiques », qui ne suivent pas les cadences infernales des renouvellements de collection.

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Le saviez-vous ?

  • Après quelques années de baisse des ventes de bijoux fantiaisies suite à la crise de 2008, la reprise se fait sentir : l’année 2016 est marquée par une hausse des ventes de 3% ». De quoi rassurer les bijoutiers et créateurs !
  • Comme les vêtements, les accessoires de mode sont soumis à une logique de collection destinée à renouveler l’offre régulièrement. Aujourd’hui, cette démarche poussée à son paroxysme, conduit les marques à démoder jusqu’à deux fois par an leurs collections, poussant au passage les consommateurs à se débarrasser prématurément de produits en bon état. Ce mécanisme, réglé comme du papier à musique, fait intervenir les cahiers de tendance, relayés par les « créateurs » puis par un battage publicitaire efficace, aussitôt soutenu par les médias et en particulier la presse féminine.
  • La majorité des bijoux fantaisie vendus sur le territoire français, arrivent de pays lointains et en particulier de Chine. L’opacité de leurs conditions de production s’apparente à celle rencontrée dans le secteur des vêtements, ou celui des jouets. Aux États-Unis, la Commission américaine de protection des consommateurs (CSPC) a rappelé en août 2007 près de 22000 bijoux fantaisie fabriqués en Chine, dont la teneur en plomb était potentiellement dangereuse pour la santé. Une étude de 60 millions de consommateurs sortie en novembre 2018 a montré la présence de métaux lourds dans des bijoux fantaisies de marques comme Asos, Claire’s, Forever 21, Primark ou H&M. Plomb, cadmium ou encore nickel sont identifiés, certes en petites quantités, mais ces matériaux s’accumulent dans l’organisme et restent nocifs, notamment pour les enfants.
  • L’achat de bijoux ornés de coraux, qu’ils viennent de Méditerranée ou d’autres mers, menace directement la biodiversité des fonds marins. Autrefois, on trouvait autrefois ces reliefs issus du règne animal, à seulement 30 ou 40 mètres de profondeur, dans la grande bleue. Ils ne sont aujourd’hui visibles qu’à partir de 150 à 200 mètres de profondeur. Abritant près de 25% des espèces marines, on ignore souvent qu’ils constituent d’authentiques puits de carbone. Leur recul aggrave donc le réchauffement climatique. Une spirale inquiétante, dans la mesure où un tiers des coraux constructeurs de récifs, véritable forêt de mer, est menacé par le réchauffement, qui acidifie les océans.

  • Bien qu’il soit unanimement condamné depuis 1989 et fasse l’objet de sanctions sévères, le trafic d’ivoire reste une activité répandue. Ce marché en tension a vu le prix du kilogramme d’ivoire multiplié par sept, passant de 76 € en 1989 à 570€ en 2006. En 2011, les prix sont restés stables, à 520€ le kilogramme. Aujourd'hui, le tarif tourne autour de 800€ le kilogramme, une très forte hausse constatée depuis quelques années. Au Congo-Brazzaville, au Cameroun, au Gabon et en République Centrafricaine, les circuits mafieux très actifs impliquent aussi bien les habitants, que les gardes forestiers. Estimé à moins d’un euros par jour, le revenu moyen des paysans de cette région ne leur permet pas de subvenir aux besoins de leurs familles. Dans ce contexte, la vente d'une défense d'ivoire, même si, à ce stade de la filière, elle ne rapporte guère plus de quelques dizaines d’euros, représente une manne conséquente.
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Bonnes nouvelles

  • Les accessoires de mode employant des matériaux de récupération deviennent tendance. L’exemple le plus frappant est sans doute celui des sacs en bâche publicitaire recyclée, que l’on met à l’épaule au moyen d’une ceinture de sécurité tout droit sortie de la casse. C’est ce que propose la marque suisse Freitag : Housses pour smartphanone, sacoches de vélo, sacs à dos, sacs de voyage… Tout est bon pour recycler les bâches de camions et les ceintures de sécurité.  Vu sous cet angle, un tel accessoire peut avoir l’air bon marché plutôt que branché, mais le recyclage attire aujourd’hui de jeunes créateurs inventifs. Ils subliment ces matières et leur donnent un vrai style. Pour preuve, les sacs de la marque Bilum, designés par Hélène de Moureyre et assemblés par des ouvriers handicapés dans le cadre des Centres d’Aides par le Travail ; recycle par exemple les bâches des travaux de l’hôtel Crillon, ou encore les voiles du 5 mats Club Med 2.

  • L’univers de la mode redécouvre le tagua, un matériau renouvelable qui représente un excellent substitut à l’ivoire, issu des défenses d’animaux menacés. Le tagua, cette noix qui pousse sur un palmier (Phytelephas aequatorialis) très répandu en Equateur, en Colombie et au Pérou, s’avère si robuste qu’elle a servi pendant près d’un siècle à confectionner des boutons, avant d’être remplacée par le plastique. Phytelephas signifie en latin éléphant végétal, tant les propriétés de cette noix se rapprochent de celles de l’ivoire. Un seul palmier de ce type produit chaque année environ 20 kilogrammes de graines. Cela équivaut au poids des défenses récupérées sur un éléphant de 6 tonnes. Une fois les noix de tagua sculptées, le résidu n’est pas jeté : moulu en poudre, il sert comme aliment pour les animaux. Les tagueros – cultivateurs - conservent aussi les coquilles, employées ensuite comme combustible.

  • L’attrait pour les bijoux « ethniques » a aussi remis les graines (mucuna ou lumbang entre autres) au goût du jour. Leur prix raisonnable en fait d’excellentes perles végétales, que les transformateurs façonnent et sculptent à leur guise. De nombreux arbres offrent une production de graines abondante, qui autorise leur récolte. De même, la fin de vie de ce matériau biodégradable n’implique aucune nuisance pour l’environnement et la santé. En revanche, la provenance de ces produits est à surveiller pour deux raisons : limiter le nombre de kilomètres parcourus et s’assurer autant que possible qu’ils proviennent d’une filière équitable.

  • Certaines grandes marques ont décidé d’agir pour la protection de la planète. C’est notamment le cas de la créatrice anglaise Jasmine Alexander qui agit avec l’association Sea Sheperd. Sans fortune personnelle, elle a décidé de financer elle-même la production d’une nouvelle collection entièrement vendue au profit de Sea Sheperd. C’est aussi le cas de Tiffany&Co qui a créé une fondation pour la conservation de la faune et de la flore. Ainsi, 100% des profits générés par la collection « Save The Wild » (environ 2 millions de dollars en 2018) ont été reversés dans un but de préservation de la faune sauvage. Un autre exemple inspirant : celui de la marque JEM qui s’engage à acheter 100% de son or dans des mines qui respectent à la fois les humains dans leurs conditions de travail mais aussi l’environnement. Le créateur a aussi abandonné les pierres précieuses au profit des diamants de synthèse.
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Ce que vous pouvez faire

  • Le choix d’accessoires et d’ornements issus du commerce équitable apporte une manne salutaire aux producteurs locaux, dans les pays du tiers-monde, non seulement sous la forme de revenu sonnant et trébuchant, mais aussi en matière de développement local. Mais on peut ainsi se tourner vers des marques françaises qui prônent le sourcing responsable comme Aglaia&Co qui en plus d’être Made in France a une démarche solidaire en reversant 5% du montant des ventes à une association partenaires (L214, Croix Rouge,…)
  • Le cuir végétal, kesaco ? Ce tissu imprégné de latex extrait de l'hévéa, puis fumé dans un four artisanal présente des propriétés équivalentes à celles du cuir animal. Plusieurs marques comme Treetap utilisent ce matériau écologique, via des filières équitables. Porte-monnaie et sacs à main peuvent aussi intégrer de la soie sauvage, un tissu aussi noble et robuste que renouvelable. Enfin, l’été venu, place à la vannerie, qui offre sans doute le meilleur rapport prix/solidité/écologie. Ca tombe bien : le panier est de retour !
  • Bon nombre de marques et de boutiques proposent désormais des produits fabriqués à partir de matériaux de récupération. Freitag et Bilum réutilisent des bâches, et la créatrice allemande Christiane Diehl fabrique des bijoux contemporains à partir de chambres à air recyclées.
  • L’achat de bijoux en bois évite l’emploi de ressources rares ou polluantes, telles que les dérivés de la pétrochimie, qui s’intègrent toujours dans la majorité des bijoux fantaisie. Le manguier, l’eucalyptus, le cocotier, l’ébène ou l’acajou comptent notamment parmi les essences qui entrent dans la composition de nombreux bijoux. La marque italienne de montre WeWood par exemple créé des montres en bois complètement exemptes de matières toxiques et artificielles, à partir de restes de bois exotiques de feuillus du monde entier. Pour chaque montre vendue, un arbre est planté en collaboration avec des ONG telles que American Forests et Trees for the future. Gardons cependant à l’esprit la menace qui pèse sur les forêts primaires : les bois choisis, doivent à tout prix venir de forêts gérées durablement. De même, il vaut mieux privilégier, lorsque c’est possible, les provenances les plus proches, pour éviter les émissions de CO2 provoquées par les transports longs courriers.
  • Si les matières premières issues d’espèces animales menacées sont à éviter, on peut en revanche privilégier les cornes, les dents, le cuir et même les os de certains animaux terrestres et même de poissons. L’usage de ces matières, s’il s’apparente à de la récupération, après l’abattage d’animaux d’élevage par exemple, ne représente pas de danger pour la biodiversité. À Madagascar notamment, où l’on compte plus de zébus que d’habitants, les cornes de ce mammifère, une fois polies et modelées, composent de magnifiques parures. En Inde ou en Afrique, on utilise également les os de chameaux, très robustes. Sans compter les os de buffles, les dents de phacochères, la peau de poisson ou encore les coquillages.
  • Le choix de perles semi-précieuses peut s’avérer judicieux bien que la traçabilité de ces dernières soient rarement assez transparente, pour donner une opinion tranchée sur l’opportunité de cet achat. Bien que les ventes soient en forte hausse depuis quelques années, il existe peu de certification du commerce équitable pour les cristaux, et aucun des systèmes de transparence à l'échelle de l'industrie n'a été mis au point pour les produits de base comme l'or et les diamants. Certains pays producteurs ne respectent pas les conditions de vie de travail décente comme c’est le cas à Madagascar où de nombreux enfants travaillent dans les mines. Ainsi, il peut être judicieux de privilégier des matériaux qui apportent d’avantage de garanties, comme les perles de terre cuite, qui emploient une ressource disponible en grande quantité. Quant aux perles de verre ou en pâte de verre, elles utilisent un matériau recyclable à 100%.

  • Toujours sur la tendance animale/végétale, les bijoux Wearable Planter proposent des colliers, broches et même des plantes de vélo avec une plante miniature dont la perle du collier fait par exemple office de pot. Ces accessoires américains sont produits localement, dans l’usine proche des bureaux de conception pour limiter le transport, et sont en vente sur internet.
  • Allonger la durée de vie des accessoires ou des bijoux allège leur empreinte écologique. Pour cela, mieux vaut éviter de suivre la tendance à la lettre, le doigt sur la couture du pantalon. Ce qui ne signifie pas être ringard, mais plutôt faire des choix avisés et surtout privilégier les fameux « basiques », ces accessoires qui ne se démodent pas et que l’on peut ressortir du placard, en suscitant toujours le même intérêt que lorsqu’ils étaient neufs. Par exemple, Karinu propose des bijoux touareg et africains aux lignes graphiques et épurées,dans un esprit intemporel. De tels bijoux peuvent aussi être vendus ou achetés d’occasion, dans certaines boutiques, en brocante, aux puces ou encore sur internet. De même, les colliers, broches ou bagues démodés ou dépareillés, peuvent aussi être restaurés. Une simple transformation chez le bijoutier donne naissance à une pièce unique, neuve, mais toujours porteuse d’une valeur sentimentale.

  • Lorsqu'on achète une montre ou qu'on veut en offrir une, il faut toujours réfléchir à l’énergie qu’elle consomme. Une simple pile bouton jetée dans la nature pollue pour 50 ans un mètre cube de terre et 1 000 mètres cubes d'eau. Si le fait de trier les piles constitue bien sûr une première étape, on peut aussi réduire la pollution à la source, en évitant tout simplement de produire cette pile aussi petite qu’encombrante pour la nature. Les montres solaires et les montres automatiques se rechargent toutes seules, grâce respectivement à l’énergie solaire et au mouvement du poignet. Plus écologique encore, la montre mécanique à remontage manuel est malheureusement de plus en plus difficile à trouver.
  • Et les bijoux faits maison ? En achetant des perles chez des artisans locaux lors de voyages, dans des boutiques de commerce équitable ou en récupérant les éléments de bijoux cassés dont on ne sait jamais que faire ; on peut confectionner soi-même confectionner ses propres parures. Il existe pléthore de tutoriels sur le web pour  expliquer pas à pas comment fabriquer colliers et bracelets à partir de tee-shirt, broches en feutrine stylisées, etc. En sachant précisément d’où provient chaque élément, et en y ajoutant une touche plus personnelle, les bijoux maison seront unique !
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