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Tomate

TOMATE

Apprenez à faire la différence entre une tomate...!

Découverte par Christophe Colomb en Amérique du Sud et introduite en Europe au 16ième siècle comme plante ornementale, la tomate y est ensuite cultivée pour son fruit, qui est devenu l'ingrédient de cuisine le plus consommé par les humains dans le monde après la pomme de terre. Elle est cultivée sous presque toutes les latitudes, sur près du tiers des surfaces mondiales consacrées aux légumes : la Chine est même désormais le premier producteur mondial de tomates avec 26% des volumes  ! la tomate est aussi devenue le légume préféré des Français avec plus de 13 kg par an et par habitant en 2003  (contre 30 à 40 aux USA ), devant la carotte et l’endive : un légume sur cinq consommés en France est une tomate. Emblème de notre alimentation moderne, qu’elle soit industrielle, cultivée hors sol et hors saison,  ou plutôt de qualité et riche en goût, omniprésente des salades aux pizzas, la tomate est donc un très bon sujet  pour apprendre à faire la différence entre les produits « bons » pour la planète… et les autres.

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Le saviez-vous ?

  • Peu à peu, nous nous sommes habitués à manger des tomates toute l'année : 40 % des familles françaises en mangent en hiver, et 80 % en été.  Les pics de production en France se situant de mars à octobre, cela signifie qu'en hiver, les tomates sont importées. En France, un légume importé sur quatre est une tomate , en provenance pour la plus grande part du Maroc (37 %) et de l'Espagne (35 %). Une plus petite part (13 %) provient de Belgique, le paradoxe voulant que dans le même temps, la France expédie 10 % de ses tomates, produites de mars à octobre, dans ce même pays !
  • Cela étant, la France produit quand même 1,5 fois plus de tomates qu’elle n’en importe : 93% des tomates vendues en France sont désormais produites sous serre (abris froids et serres chauffées) plutôt qu’en plein air, alors que les serres chauffées ne représentent que 50% des surfaces cultivées. Ce qui n’est pas sans poser problème, puisqu’en tenant compte de l’énergie, des transports, des engrais et des autres intrants nécessaires à la culture en serre, une tomate cultivée de cette façon a une empreinte écologique 10 à 20 fois supérieure à une tomate cultivée dans les champs . En effet, comme la température n’est pas très élevée, les serres doivent être plus fortement chauffées que les tunnels de plastique - une pratique très énergivore, surtout en hiver (d’après une étude de l’association de consommateurs belge Test Achats, elle demanderait même plus d’énergie que ce qui est nécessaire pour importer des tomates d’Espagne  !)
  • 79% des tomates vendues en France le sont dans la grande distribution, dont 17% dans des magasins hard discount qui représentent désormais plus que les marchés traditionnels (13%) . Une évolution caractéristique d’une situation où la tomate est devenue un produit de grande consommation, pour ne pas dire un produit alimentaire industriel, qu’elle soit en grappe ou « cocktail », vendue en vrac ou dans une boîte en plastique. Autre élément important, lié à l’évolution des modes de distribution : les prix sont en baisse…
  • En France, plus des trois quarts des semences de tomates autorisées à la vente sont celles de plantes hybrides F1 (première génération d'un croisement entre deux variétés distinctes sélectionnées) : ces « clones » sont utilisés par les agriculteurs car ils offrent un rendement supérieur à celui des anciennes variétés et parfois une résistance à certaines maladies ou insectes ravageurs, mais critiqués par les écologistes qui leur reprochent d’aller à l'encontre de la biodiversité, en privilégiant des espèces « figées » et en contribuant à l'uniformisation des champs. Pourtant, la tomate est l’un des légumes disposant du plus grand nombre de variétés (plusieurs centaines) aux formes, couleurs et goûts différents, dont certaines connaissent désormais un regain de popularité sur les marchés : Coeur de bœuf, Liguria, Rose de Berne, Green zebra (la tomate verte), Lancelot, noire de Crimée (la tomate noire), Reine d’Or (la tomate jaune), San Marzzano, etc. Mais attention : pour les plus populaires de ces variétés « anciennes », comme la Cœur de Bœuf, des variétés hybrides sont également apparues sur les étals des supermarchés notamment – rien à voir avec la vraie variété ancienne, comme vous le confirmera le goût de la tomate.
  • 20 à 25 % du coût des tomates françaises produites dans des serres chauffées est imputable à l’énergie . A l’inverse, les fruits et légumes de saison produits dans le sud de l’Espagne ou au Maroc ne nécessitent l’emploi d’aucune serre chauffée. C’est l’acheminement par camions qui est alors énergivore, mais même lorsqu’elle parcourt l’Europe en camion, du sud de l’Espagne à la Hollande par exemple, le transport de la tomate ne représente que 1% du prix final .
  • L’Andalousie, dans le sud de l'Espagne, produit une grande partie des tomates, mais aussi des fraises, poivrons et autres végétaux vendus en France. Le Cabo de Gata, dans la région d’Almeria, est un parc naturel protégé mais ses paysages désertiques sont désormais recouverts, sur des kilomètres et des kilomètres, de serres en plastique où travaillent des ouvriers, souvent immigrés , voire clandestins. La culture intensive hors sol et sous serres de fruits et légumes, sur 35 000 hectares dont un tiers seraient des exploitations illégales, est devenue le principal moteur de l'activité économique régionale. Dans cette région aride, l’irrigation est la règle et les nappes phréatiques, surexploitées, devraient être épuisées d’ici à quinze ans : la première usine de traitement de l’eau de mer a notamment été construite il y a peu, un procédé dont les écologistes critiquent les consommations d’énergie, mais aussi les rejets de sel en mer, la prolifération de saumure et les effets contaminants … En Espagne, un quart du territoire est menacé de désertification et la demande en eau augmente de 13 % par an , notamment pour faire face aux besoins de cette agriculture intensive.  Ajoutons que les fruits et légumes de cette région ont été mis sur la sellette début 2007 après que plusieurs pays européens aient retrouvé sur des tomates, des poivrons, des concombres et des aubergines des résidus de pesticides interdits  (Selon une étude anglaise, récente la tomate fait partie des dix aliments contenant le plus de résidus de pesticides )… Enfin , cultiver des tomates sans travail manuel est impossible : cela a une influence négative sur le salaire et les conditions de travail des ouvriers saisonniers, et les producteurs font souvent appel à des immigrés sans contrat ni sécurité sociale. En Espagne, l’organisation du marché de l’emploi rend les quelque 80 000 ouvriers saisonniers de la région d’Almeria particulièrement vulnérables : la loi est à peine respectée (ce qui met en danger la sécurité des travailleurs), les conditions sanitaires sont problématiques du fait de l’emploi de pesticides nocifs sans matériel de protection adéquat, les standards sociaux sont bas …
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Bonnes nouvelles

  • Aujourd'hui, il n'y a pas de semences ou de plants de tomate génétiquement modifiés sur le marché français : la culture et la vente de tomates transgéniques fraîches sont interdites en Europe .
  • Les variétés anciennes ou originales sont à la mode et c’est tant mieux : de petites entreprises se sont ainsi spécialisées dans la vente aux jardiniers de graines de ces tomates, comme Tomodori (qui propose aussi un moteur de recherche sur l’ensemble des variétés existantes, par caractéristiques ou en fonction de l’utilisation) ou encore l’association Kokopelli, qui propose depuis 1999 une collection d'anciennes variétés potagères et florales, issues de l'agriculture biologique ou de l'agro-écologie. Sans parler de petites PME locales qui se sont spécialisées dans la commercialisation des fruits de ces variétés, et approvisionnent directement les boutiques bio (c’est le cas par exemple de la Société La Rosée, spécialisée dans les tomates biologiques, qui emploie 10 personnes dans le Sud-Ouest de la France).
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Ce que vous pouvez faire

  • Ne dites pas « tout ça me dépasse » : faire les bons choix au marché est un acte militant à la portée de chacun ! Il suffit de se fournir chez les bons primeurs, sur les marchés bio… et de poser des questions sur l’origine des produits que vous achetez ! Les AMAPs, La Ruche Qui Dit Oui sont de bonnes alternatives pour accéder à des produits locaux, de qualité, à bas prix !
  • Evitez de manger des tomates hors saison, et par contre faites-vous plaisir en pleine saison, de mai à septembre, ou mieux encore durant les trois mois d’été où a lieu le « pic » de production. Profitez en pour faire des coulis et les conserver en bocaux.
  • Choisissez si possible des tomates cultivées en France ou si possible dans la région où vous vous trouvez, surtout si vous passez vos vacances dans le Sud. Cela vous évitera de contribuer malgré vous, notamment avec les tomates d’Espagne, à un système de production aussi peu écologique que socialement responsable…
  • Variez les plaisirs : sur les marchés et chez les maraîchers, vous trouverez de la Roma ou l’Olivette (un peu allongées) en passant par la Cœur de Boeuf , la noire de Crimée ou les tomates vertes et jaunes. Soutenez la redécouverte de ces variétés anciennes, et optez pour des tomates cultivées en agriculture biologique si possible !
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