Pendant que ses habitants sirotent des boissons rafraîchissantes sur les terrasses de l'été, la planète trinque. Pour un peu, avec les vacances, ces nouvelles déprimantes qui pourraient bien nous gâcher la rentrée passeraient inaperçues. Après la publication dans la revue "Nature" d'une étude scientifique annonciatrice d’un effondrement imminent et irréversible des écosystèmes, dont les civilisations humaines dépendent (voir le dossier à la "une" de Libération le 9 août dernier), les deux ONG WWF et Global Footprint Network (GFN), qui suivent et calculent chaque année l'empreinte écologique de l'humanité, ont fait savoir que nous avons atteint, mercredi 22 août, le "global overshoot day", ou "jour du dépassement". Autrement dit : le point de basculement à partir duquel l'humanité a consommé toutes les ressources naturelles que la Terre peut lui fournir en un an, et au-delà duquel elle vit à crédit jusqu'à la fin de l'année. Ce qui est inquiétant, évidemment, c'est que l'épuisement des ressources naturelles s'accélère : le "jour du dépassement" intervient ainsi cette année trente-six jours plus tôt qu'en 2011. En 2005, rappelle Le Monde, la limite fut atteinte un 20 octobre et en 2000, c'était un 1er novembre. Désormais, rappelle le GFN, les besoins de l'humanité dépassent de 50 % les ressources disponibles, lesquelles ont quasiment diminué de moitié depuis 1961. Naturellement, les pays sont inégalement responsables de cette dette et la pression des états les plus riches est disproportionnée : en tête du classement, le Quatar a dépassé le Koweït et les Emirats Arabes Unis, cependant que la France est en 23e position (avec des besoins qui dépassent de 70 % les ressources disponibles). A noter : bien que désormais devenue premier émetteur mondial de gaz carbonique par tonne métrique, la Chine reste excédentaire, au 73e rang, car son empreinte écologique croissante est relativisée une fois rapportée au nombre de ses habitants.