Alors que la sortie de l’IPad d'Apple (dont le bilan environnemental vient d’être mis en ligne sur le site Apple) vaut à la marque la "une" de la presse nationale et internationale, et dans un contexte où les offres de livres électroniques (Kindle d'Amazon, IPad d'Apple) ont été la grande nouveauté du Salon du Livre de Paris, l’ONG écologiste Les Amis de la Terre a tenu à donner sa vision des avantages écologiques supposés de ces nouveaux gadgets technologiques, en s’opposant notamment à l’idée que parce qu’elles n’utilisent pas de papier, ces tablettes électroniques ne contribuent pas à la déforestation et assurent une dématérialisation des échanges et la transition vers une société bas-carbone. "Pas de papier, certes, mais des minerais rares dont l’extraction détruit aussi des forêts" rappelle donc d'abord l’ONG. Et d’insister : "les produits technologiques nécessitent l’extraction de minerais précieux comme le coltan, le lithium ou les terres rares pour accroître la durée de vie des batteries, augmenter leur rapidité ou pousser la miniaturisation à l’extrême. Or l’exploitation minière est une cause majeure de déforestation, et plus généralement de destruction des écosystèmes." Les Amis de la Terre soulignent notamment qu’en République Démocratique du Congo, l’extraction du coltan (colombo-tantalite), utilisé dans la fabrication des condensateurs, alimente les conflits armés et entraîne une déforestation importante.
L’ONG revient aussi sur l’idée que le livre électronique consommerait peu d’énergie à l’usage et serait donc écologique. C’est sans compter l’effet rebond, qui fait qu’avec la généralisation de ces produits, le secteur pèsera globalement plus sur la demande en électricité, malgré les faibles consommations de chacun. Et surtout, la fabrication de ces objets est un gouffre énergétique : d’après le cabinet Carbone 4, il faudrait une quinzaine d'années d’utilisation pour amortir le bilan carbone d’un livre électronique. Or comme les téléphones ou les ordinateurs, "ces produits sont conçus pour être jetés au bout de quelques années, voire de quelques mois, pour justifier l'achat d'un nouveau produit toujours plus performant. Par exemple, la batterie de l’IPad n’est pas détachable : si l'alimentation électrique tombe en panne, le produit est bon pour la poubelle !" Et Les Amis de la Terre, qui animent par ailleurs une campagne pour la réduction de la consommation de papier, de conclure : "il ne faut pas se tromper de cible. L’enjeu prioritaire est la réduction des imprimés publicitaires et du suremballage. Le livre papier est un outil de démocratisation de la lecture et d’accès au savoir, longtemps réutilisable sans frais et accessible à tous, contrairement au livre électronique qui coûte plusieurs centaines d’euros". Si les éditeurs veulent vraiment réduire l’impact environnemental de leurs produits, l’ONG leur recommande plutôt de développer le livre en papier recyclé, dont la fabrication nécessite moins d’eau et moins de bois que le papier issu de fibres vierges. Les Amis de la Terre rappellent enfin que le plaisir de lire ne peut être réduit à la consommation de produits neufs : il importe de maintenir l'activité de prêt des ouvrages papier par des bibliothèques et de soutenir le réemploi des livres (bouquinistes, Emmaüs, etc.).