La branche américaine de l’ONG écologiste Les Amis de la Terre, alliée à deux autres associations (Consumers Union et The International Center for Technology Assessment - ICTA), vient de publier un rapport pour alerter les consommateurs sur l’utilisation répandue de nano-matériaux dans les écrans solaires. De quoi s’agit-il exactement ? Certains ingrédients courants dans ces produits cosmétiques (par exemple le dioxyde de titane ou de zinc) sont travaillés par la chimie pour obtenir des éléments suffisamment petits – à l’échelle de quelques dizaines de nanomètres, un nanomètre correspondant à un milliardième de mètre, soit environ 100 000 fois plus petit que l’épaisseur d’un cheveu humain - pour faciliter leur pénétration, évitant ainsi de laisser une couche blanchâtre à la surface de la peau et améliorant le confort d’utilisation. Ainsi retravaillés, ces éléments auraient des caractéristiques physiques, biologiques et chimiques différentes de leurs "cousins" de taille plus importante. Or, selon le rapport, très peu de ces nano-matériaux ont déjà été testés de manière appropriée, alors même que les premières études montrent que leur très petite taille augmente leur capacité à pénétrer les poumons, à traverser la membrane externe des cellules ou encore à pénétrer en profondeur la peau abîmée ou déjà brûlée par le soleil. "On nous dit que ces nano-écrans solaires apportent une meilleure protection, mais nous avons rassemblé des éléments qui au contraire poussent à affirmer qu’il existe un risque potentiel", affirme l’un des auteurs du rapport, Ian Illuminato, par ailleurs chargé au sein de l’ONG des questions liées à la santé environnementale. "Les consommateurs doivent être conscients que des nanoparticules sont présentes dans les écrans solaires, sans qu’on ait nécessairement toutes les garanties sur leur sécurité ni sur leur efficacité supposée supérieure". Selon les Amis de la Terre, des études publiées en 2007 par Consumers Union avaient déjà montré l’absence de corrélation entre la présence de nano-matériaux et l’efficacité des produits en termes de protection solaire, mettant du coup en question les risques nouveaux pris, selon l’association, sans avantage probant en contrepartie. D’autres études soulèvent des questions quant à la toxicité des nanoparticules, une fois diffusées dans l’environnement, pour les écosystèmes (notamment aquatiques). Or rien n’impose aujourd’hui l’étiquetage des produits contenant des nano-matériaux, ce qui rend les consommateurs incapables de choisir des produits n’en contenant pas.
Pour en savoir plus, voir aussi notre fiche-produit sur les écrans solaires.