L'entreprise de restauration française, engagée depuis plusieurs années sur le développement durable à travers son "Better Tomorrow Plan", était plutôt bien inspirée en voulant étendre à une cinquantaine de ses 700 restaurants d'entreprises en France, pendant la semaine du développement durable début avril, le "Meatless Monday" qu'elle a lancé avec succès aux Etats-Unis. L'objectif : instaurer une journée sans viande pour sensibiliser les clients à l'impact climatique d'un régime excessivement carné (pour mémoire, l'élevage dans le monde représente près de 20% des gaz à effet de serre, selon la FAO). Sodexo a donc annoncé sa journée sans viande dans les restaurants concernés, avec des affiches expliquant que "la production d'un kilo de viande de veau pollue autant qu'un trajet automobile de 220 km" et que le "méthane est un gaz à effet de serre 20 fois plus impactant que le CO2". Rien de bien nouveau, somme toute... tant les initiatives sur le sujet sont nombreuses dans le monde depuis plusieurs années (voir ici et aussi là, ou encore ici).
Sauf que... nous sommes en France, l'un des pays d'Europe où le taux de végétariens est le plus faible (2 à 3% seulement de la population française se déclare végétarienne, contre 9% en Grande-Bretagne et 8% en Allemagne) mais également également pays de la FNSEA et des lobbies agricoles... Autrement dit, les éleveurs entendent bien défendre leur bout de gras, avec l'énergie qu'on leur connaît. Or donc, un éleveur vendéen, ayant repéré les affiches sacrilèges, les poste sur un site spécialisé. Outrés par l’affront, une centaine de ses collègues décident aussitôt d'aller exprimer leur colère devant le siège régional de Sodexo à Nantes. Dans le même temps, Xavier Beulin, le président de la FNSEA écrit un courrier non moins courroucé au PDG de Sodexo, Pierre Bellon, l'accusant de vouloir mener une campagne anti-viande : "au delà de l'esprit partisan, polémique et partial de cette initiative malheureuse, je trouve le procédé déplorable". Il précise d’ailleurs que "l'élevage français est une fierté de notre agriculture et de notre pays", et souligne les "démarches de qualité et de protection de l'environnement" menées par les éleveurs, sans plus de détails. Résultat : le groupe Sodexo bat en retraite, parle d'un "malentendu", refusant de parler de campagne mais plutôt d'information ponctuelle. Mieux encore : il diffuse rapidement un courrier d'excuses publiques affiché dans les restaurants concernés, affirmant qu'il a depuis "eu connaissance de nouveaux éléments venant infirmer des affirmations contenues dans ces affiches, qui ne correspondaient pas à la réalité, en particulier sur l'impact de la production de viande de veau sur l'effet de serre et sur la comparaison inappropriée entre les différents types de production que permet un hectare de terre". Et de présenter ses "excuses" aux "différents acteurs des filières viandes françaises qui nous ont alertés", avant de rappeler la place des viandes dans "l'alimentation variée et équilibrée" que Sodexo s'attache à proposer puis les nombreux partenariats mis en place avec les éleveurs en région. Sans commentaires.