L’association Friends of the Earth Europe (les Amis de la Terre) et la Fondation Heinrich Böll, avec l’aide financière d’un fonds de l’Union européenne, viennent de publier un "Meat Atlas", autrement dit un Atlas de la viande, pour sensibiliser les consommateurs aux enjeux de la consommation de viande. L’objectif est clair : il s’agit d’encourager une consommation plus responsable. "La production intensive de viande ne signifie pas seulement faire souffrir des animaux. Cela détruit l'environnement et engloutit une grande quantité de nos matières premières que nous importons du Sud pour les nourrir", a déclaré dans un communiqué Barbara Unmüssig, présidente de la Fondation Heinrich-Böll, proche des Verts allemands. L'atlas propose de nombreuses infographies intéressantes, quoiqu'illustrant un propos engagé, avec des données exclusivement produites par des organismes nationaux et internationaux comme la FAO ou l’OCDE (même si celles-ci sont parfois contestées par l'industrie, et notamment en France des organismes comme Interbev - Organisation interprofessionnelle pour le bétail et la viande).
Au hasard des pages, on peut ainsi lire qu'il faut aujourd'hui 15.500 litres d’eau pour produire un kilo de viande de bœuf, alors que l'on peut produire 1kg de blé avec 1.300 litres, ou 1kg de carottes avec 131 litres. Les auteurs déplorent aussi que l'on ait "coupé le lien entre les animaux vivants et les produits emballés", de sorte que peu de gens ont en tête le nombre d’animaux abattus pour la consommation humaine dans le monde, macabre calcul en tête desquels les poulets arrivent largement, désormais. L’Atlas condamne aussi l’usage massif d’antibiotiques et d’hormones sur ces animaux destinés à être mangés, et craint que cela n’engendre la prolifération de bactéries (du genre salmonelle) bien plus résistantes. Les auteurs notent d'ailleurs que l'Union européenne encourage déjà la réduction de l’utilisation de ces médicaments pour éviter le développement de "l’antibio-résistance" et qu'en décembre dernier, les Etats-Unis ont dévoilé un plan visant à réduire voire éliminer certains antibiotiques chez les animaux d’élevage. L'Atlas souligne également que dans les pays développés, "la demande en viande a atteint des sommets, (mais qu') elle commence à décliner doucement" car "les inquiétudes des consommateurs sur la sécurité alimentaire sont renforcées par les scandales dans l’industrie agroalimentaire", tout en soulignant qu'en parallèle, il y va y avoir "un demi-milliard de consommateurs de classes moyennes en plus, de Rio à Shanghai". Autrement dit : la demande de viande dans les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) va bien augmenter. , Les auteurs rappellent également que face à la pollution et à la grosse consommation d'eau engendrés par l'élevage, les insectes sont une des alternatives envisagées, comme source de protéines plus respectueuse de l'environnement : l'Atlas montre notamment que les insectes ont le meilleur taux de parties "comestibles" dans différents animaux et que des pays comme la Chine et le Mexique ont une faune nombreuse d'espèces d'insectes comestibles qu'ils pourraient bien se mettre à exploiter d'ici à 2050.