C'est une bonne nouvelle pour l’alimentation durable : la proposition de loi sur le sujet, présentée par la députée écologiste du Périgord Brigitte Allain (par ailleurs paysanne depuis l’âge de 20 ans sur une exploitation familiale de 60 ha et auteur d’un rapport paru à l'été 2015 et intitulé "Et si on mangeait local ?"), a été votée jeudi dernier à l’unanimité par l'Assemblée nationale. Prochaine étape : le texte doit maintenant être débattu au Sénat. Cette loi prévoit, dans son article premier, "l'introduction dans la restauration collective publique de 40% de produits issus de l'alimentation durable, à savoir bio, locaux et sous signes de qualité, dès 2020 (dont 20% de produit bio)". Ce dernier objectif de 20% de bio dans les cantines en 2020 revient de loin puisqu'il avait déjà été pris dans le cadre du Grenelle de l’Environnement : malheureusement, il a été peu suivi et si 70% des établissements de restauration publique proposent désormais des produits bio (contre 44% dans le privé), les achats bio ne représentent encore que 2,7% du total !
Depuis, certaines collectivités, comme Paris, ont montré qu’il est possible d’aller beaucoup plus loin : la capitale a ainsi pris cet été un objectif de 50% d’alimentation durable dans les cantines à horizon 2020, en précisant qu’elle achetait déjà plus de 20% de ses denrées en bio (la mairie de Paris est "l’un des tous premiers, si ce n’est le premier acheteur public d’alimentation biologique en France")… et qu’elle entendait désormais aller plus loin en s’engageant plus largement sur "les denrées alimentaires offrant des garanties objectives de respect de l’environnement" : productions certifiées biologiques ou issues d’exploitations en conversion, mais aussi produits locaux et de saison, produits certifiés par le Label Rouge, le label Marine Stewardship Council (pêche durable) ou l’écolabel national "pêche durable".
Le vote de la loi Allain devrait être accueilli favorablement par les ONG qui regroupées autour de l'association Agir pour l’environnement avaient recueilli plus de 90 000 signatures pour leur pétition "manger bio et local dans les cantines, c'est possible" en faveur de la loi, mais aussi par les Français dont 76%, selon un sondage IFOP de janvier 2016, sont favorables à l'introduction des aliments bio et locaux dans les cantines. D'où, sans doute, ce vote à l'unanimité !
A noter : pour ne pas renouveler "l’échec du Grenelle de l’Environnement" sur le bio dans les cantines, Brigitte Allain propose dans sa loi de confier à l’Observatoire de l’alimentation la mission de "veiller au développement des circuits courts et de proximité" et ajoute par ailleurs un volet alimentaire aux Plans régionaux d’agriculture durable (PRAD), afin que les régions aident à la structuration des filières locales par l’installation de légumeries et d’abattoirs.