En pleines Assises nationales des déchets, Les Amis de la Terre France (dans le cadre de la campagne Produits pour la Vie) et le Cniid (Centre national d'information indépendante sur les déchets) viennent de publier un rapport dont le titre est éloquent : "L'obsolescence programmée, symbole de la société du gaspillage. Le cas des produits électriques et électroniques". Le message principal est sans ambiguïté : les stratégies mises en place pour réduire la durée de vie des produits augmentent considérablement le volume des déchets et vont à l'encontre de l'approche préventive, mais elles contribuent aussi à l'épuisement des ressources naturelles (faute de recyclage, la matière contenue dans les biens parvenus rapidement en fin de vie est gaspillée et l'on doit puiser à nouveau dans les ressources naturelles).
Pour les Amis de la Terre, ce problème est particulièrement important sur les produits électriques et électroniques, où la course à l'innovation technologique aggrave encore le phénomène : "le renouvellement incessant des appareils, notamment de haute technologie, contribue à l'explosion de la consommation des ressources naturelles minières et énergétiques. Cette surexploitation détruit des écosystèmes, déplace des populations, provoque des pollutions chimiques et engendre des conflits, notamment dans les pays du Sud", rappelle ainsi Sylvain Angerand, chargé de campagne ressources naturelles.
L'étude s'intéresse également à l'évolution du marché des équipements ménagers : en 2007, la quasi-totalité des ménages français disposait d'un réfrigérateur, d'un téléviseur et d'un lave-linge. Elle dénonce aussi les différentes astuces utilisées par les fabricants pour rendre un appareil rapidement obsolète et ainsi rendre nécessaire un nouvel achat : sophistication croissante des appareils, effet de mode, produits indémontables, etc. La durée de vie moyenne des appareils électroménagers courants serait aujourd'hui en moyenne de 6 à 8 ou 9 ans alors qu'auparavant elle était de 10 à 12 ans. Les auteurs ont également mené une enquête auprès des distributeurs, et la conclusion est sans appel : l'allongement de la durée de vie des produits notamment grâce à l'entretien et la réparation n'est pas un enjeu prioritaire mis en valeur par les services après-vente auprès des consommateurs.