En janvier, Hifly a attiré l’attention médiatique en testant 4 vols Portugal-Brésil avec zéro plastique à bord. La compagnie aérienne portugaise a effectivement prévu de se passer complètement de ce matériau sur tous ses vols d’ici la fin de l’année 2019. Pour cela, fini tasses, cuillères, salières, poivrières, bouteilles et brosses à dent en plastique à usage unique. Place aux alternatives en bambou, et en matériaux recyclés compostables ! Au total, sur ces 4 vols de 700 passagers à bord d’un A340, ce sont 350kg de plastique qui ont été épargnés.
Toutes les compagnies s’emparent progressivement du sujet : EasyJet confie au Telegraph que la compagnie travaille sur un vaste plan de réduction de ses déchets plastiques en cabine et qu’elle offre même 50% de réduction sur les boissons chaudes aux passagers qui ramènent leurs tasses ! Ethihad, rapporte que l’expérience des couverts en bambou, comme Hifly, n’a pas été appréciée par ses voyageurs. La compagnie de luxe des Emirats Arabes Unis a donc opté pour des ustensiles en inox recyclable et a collaboré avec Cupffee, fournisseur de tasses comestibles.
En accueillant près de 4 milliards de passagers par an, le transit aérien a produit 5,7 millions de tonnes de déchets cabine en 2017, selon the International Air Transport Association (IATA), un chiffre amené à doubler dans 15 ans si tous les transporteurs ne prennent pas des engagements forts sur le sujet. Mais est-ce que ces mesures font vraiment la différence sur l’empreinte carbone des compagnies aériennes ?
Pas vraiment, selon la Transition Pathway Initiatives (TPI), l’initiative mondiale chargée d’évaluer les progrès carbone du transport aérien, qui pointe dans un rapport publié en mars 2019 le lent décollage des compagnies sur les problématiques climatiques. La TPI rappelle que le transport aérien produit au moins 2% des émissions de gaz à effet de serre mondiales ainsi que d’autres dommages collatéraux moins médiatisés, tels que les rejets d’oxyde d’azote et de vapeur d’eau dans le ciel. Les déchets en cabine sont certes non négligeables, mais ce qui pèse vraiment dans la balance sont ces 3 facteurs : la modernité de l’appareil, son chargement ainsi que la longueur du courrier. Pour être vert dans les airs, il va falloir mettre les bouchées doubles !