Hier après-midi samedi 3 octobre, dans un grand vignoble du sud de la Bourgogne (tenu secret jusqu’au dernier moment), Greenpeace France et le célèbre artiste américain Spencer Tunick (spécialisé dans les photos de foule nue, au cœur de sites urbains ou naturels) invitaient pour la première fois des centaines de militants-figurants à faire entendre leur voix, et à faire parler leur corps, en participant, nus, à une installation humaine incarnant la vulnérabilité de l'homme face aux changements climatiques, à deux mois de la conférence de Copenhague sur le sujet. Les impacts des changements climatiques se font déjà sentir partout dans le monde, notamment en France sur les terroirs et les vignes, comme le souligne Spencer Tunick : "vignes mais aussi maïs, blé, riz... Partout dans le monde, les changements climatiques menacent la durabilité de notre agriculture. Aujourd'hui, à l'heure où le monde se transforme en une jungle de béton, nous oublions parfois ce lien étroit qui existe entre notre corps et la Terre. À travers mon art, j'espère attirer l'attention sur la vulnérabilité de notre existence et sur ce lien singulier qui relie les êtres humains aux aliments qu'ils consomment, pour leur plaisir ou pour leur survie". De son côté, Greenpeace insiste sur le fait qu’au-delà d'un réchauffement de 2°C, la France subira en effet un grave déplacement géographique de ses écosystèmes, qu'ils soient cultivés ou naturels, une rupture dans la pérennité de sa production agricole et une sérieuse remise en question des terroirs... "Précocité des vendanges, grêles et chaleur à répétition, les effets des changements climatiques ne sont pas une fiction pour les viticulteurs !", rappelle Anaïz Parfait, chargée de mobilisation pour Greenpeace France qui vient de publier un rapport sur le sujet. "L'augmentation de la teneur en alcool et en sucre due au réchauffement climatique perturbe déjà la complexité aromatique des vins. Si rien n'est fait aujourd'hui, les vignes se déplaceront de 1000 kilomètres au-delà de leur limite traditionnelle d'ici à la fin du siècle."
Cette installation n’est pas la première collaboration entre l’ONG et l’artiste, qui avaient déjà joint leurs efforts pour réaliser, en 2007, une intense illustration du lien tragique entre l'homme et le climat en faisant poser 600 personnes sur le glacier Aletsch, le plus grand d'Europe.