Selon Le Figaro, la société allemande de cosmétiques capillaires Schwarzkopf vient d’être condamnée par le tribunal de grande instance de Marseille à indemniser une coiffeuse marseillaise, atteinte d'un cancer de la vessie et estimant que sa maladie a été causée par son utilisation fréquente des produits de la marque, appliqués sans gants (puisque ceux-ci sont obligatoires depuis le début des années 90 seulement), entre 1980 et 1991. Le tribunal a estimé que la pathologie de la plaignante "est sans aucun doute (...) la conséquence de l'emploi prolongé au cours des années, de teintures capillaires contenant des produits connus pour leur carcinogénicité". Cette décision va à l’encontre de l’expertise indépendante fournie par Schwarzkopf, qui concluait de son côté à l'absence de lien de causalité entre l'utilisation des produits et la maladie… mais a quand même lancé l’an dernier une gamme de colorations naturelles et moins toxiques.
L'affaire, et son issue, viennent en tout cas jeter un voile sombre sur la sécurité des teintures pour les cheveux, tant du côté des professionnels qui les utilisent… que du côté des client(e)s qui se voient appliquer le produit sur un cuir chevelu par définition non protégé. Rappelons qu'en 2005, le comité d’experts de la Commission européenne (Scientific committee on cosmetic products) avait lui aussi rédigé un avis confirmant le lien probable entre l’utilisation de colorants capillaires et le cancer de la vessie, justement, mais aussi la leucémie – par ailleurs ce comité avait, dès 2001, demandé que des études européennes soient réalisées sur le sujet, car la majorité des données disponibles concernaient les Etats-Unis. De leur côté, les assureurs et syndicats de la profession n'abordent pas franchement le sujet dans leurs initiatives : AG2R a ainsi lancé l’an dernier, avec les Institutions de la coiffure, un label "Développement durable : mon coiffeur s'engage" sensé distinguer les salons de coiffure faisant des efforts en matière de responsabilité sociale et environnementale, y compris sur le choix des produits utilisés et les précautions en matière de santé. Mais dans les brochures comme "Mieux utiliser les produits chimiques" publiées à l’attention de la profession par AG2R, on lit pour l’instant que 40% des professionnels ont des problèmes cutanés et les seuls risques évoqués pour la coloration sont l’eczéma et les irritations oculaires ou respiratoires…
Pour en savoir plus, consultez notre truc vert sur les soins capillaires.