Et si le choice editing pouvait révolutionner l’offre de produits vers plus de durabilité ? C’est en tout cas le pari de cette pratique anglo-saxonne, encore peu théorisée et médiatisée en France, qui consiste pour une marque ou une enseigne à réduire significativement l’éventail du choix laissé au consommateur en retirant les produits nocifs pour les humains et l’environnement pour les remplacer par des alternatives plus responsables. C'est le virage pris en 2007 par Botanic qui a retiré de ses rayons les pesticides chimiques pour privilégier une offre plus responsable, en développant notamment, au delà de la jardinerie, des rayons alimentation mais aussi cosmétique ou librairie. A ce jour, Botanic est toujours la seule enseigne de son secteur à ne plus proposer de produits phytosanitaires dans ses rayons.
Côté alimentation, les œufs semblent être les stars incontestées du choice editing. En effet, de nombreuses marques, enseignes de grande distribution ou de restauration rapide initient une telle pratique sur leur offre d’œufs. Objectif : bannir les œufs de poules de catégorie 3 (élevées en cage) pour faire basculer 100% de leur offre sur des œufs de poules élevées au sol ou en plein air. C’est notamment l’engagement porté par l’enseigne de centre-ville Monoprix qui, depuis avril 2016, ne propose plus que des œufs issus de poules élevées hors-cages dans ses linéaires. Alors que près de 2/3 des œufs vendus en France proviennent d’élevages en cage, l’enseigne fait un pas en avant dans la prise en compte du bien-être animal en privilégiant, pour l’intégralité de son offre, des œufs de poules de catégories mieux-disantes (sol, plein air et bio). A noter que l’enseigne s’engage depuis 2013 pour changer progressivement son offre d’œufs : d’abord en faisant le choix du 100% plein air pour ses œufs vendus en marque propre, puis en élargissant cet engagement à sa gamme Monoprix Gourmet au sein de laquelle les pâtes d’Alsace et la mayonnaise ne contiennent plus d’œufs de poules élevées en cage depuis septembre 2015.
En faisant basculer l’intégralité de son offre en œufs vers des alternatives plus respectueuses du bien-être animal, Monoprix répond de manière concrète aux attentes des consommateurs sur ce sujet. L’eurobaromètre « L’attitude des européens face au bien-être animal » commandé par la Commission Européenne et rendu publique en mars 2016 met ainsi en avant que 94% des citoyens européens estiment que la protection du bien-être des animaux d’élevage est importante. Monoprix n’est d’ailleurs pas la seule enseigne à s’être alignée sur cette attente croissante des consommateurs. L’enseigne de grande distribution belge Colruyt (70 magasins en région parisienne et dans l’est de la France) ne vend plus d’œufs de poules élevées en cage depuis 2015. Même engagement pris par les enseignes britanniques Waitrose et Marks & Spencer depuis plusieurs années, avec l’objectif de ne vendre que des œufs issus de poules élevées en plein air d’ici 2020. Récemment, Walmart, le géant américain de la grande distribution, a annoncé vouloir supprimer de ses rayons les œufs de poules élevées en cages d’ici 2025, le temps pour le groupe de restructurer son réseau de fournisseurs dans un pays où la presque-totalité des œufs vendus en magasins proviennent d’élevage en batterie. Sur le même modèle, Mc Donald’s France vient de passer un accord avec la coopérative des Fermiers de Loué pour s’approvisionner uniquement en œufs français de poules élevées en plein air pour l’ensemble de ses préparations à base d’œufs. Un contrat à fort impact puisqu’il va concerner au moins 4,2 millions d’œufs à l’année, 30 000 poules et une quinzaine d’éleveurs.
Le choice-editing va-t-il alors révolutionner l’offre d’œufs ? La question reste posée, avec le risque que le mode d’élevage au sol, non exempt de critiques en matière de bien-être animal, devienne la nouvelle norme de cette industrie.