Alors que le gouvernement a toutes les peines du monde à sortir son étiquette nutritionnelle pour les produits alimentaires, cependant qu’industriels et distributeurs se renvoient la balle sur le sujet, l’association Open Food Facts met tout le monde d’accord. Comment ? En affichant dès aujourd'hui la couleur selon les calculs initiaux du Professeur Hercberg pour les produits industriels, et sans l’avis de leurs fabricants. Concrètement, l’application mobilise, en mode wiki, la contribution des citoyens pour créer une gigantesque base de données libre et ouverte. D’ores et déjà, plus de 66 000 produits y sont décryptés et notés, sur la base des informations présente sur les étiquettes, rapporte la Ruche qui dit Oui sur son blog.
Parmi ces produits, au hasard, on ne trouve pas moins de 90 ketchups, avec un travail de sélection grandement facilité : vous voulez le ketchup le mieux noté sur la nutrition (il n’aura que la note C car il n’y a pas de produit noté A ou B dans cette catégorie) ? Tapez votre requête, on vous livrera le nom des marques … Vous souhaitez connaître les ketchups ayant un taux de sel inférieur à 2g/100g ? Même procédé, même type de réponse. Grâce à cette base de données ultra complète, l’internaute peut aussi croiser les données, éditer des graphiques et pourquoi pas s'en servir pour imaginer une nouvelle application pour les diabétiques ou les allergiques, puisque les données sont libres.
Le fondateur Stéphane Gigandet et son équipe bénévole ne souhaitent pas lancer des actions de boycott ou de lobbying mais ils espèrent faire bouger les lignes et changer les comportements par le simple fait de rendre accessibles et utilisables (c’est-à-dire par exemple comparables) les informations jusqu'ici cachées au dos des produits, ou en trop petits caractères sur les étiquettes. Au passage, Open Food Facts pourrait bien agir en effet comme l’étiquetage énergétique, qui n’a pas tant fait changer les consommateurs que les fabricants : le (carton) rouge étant peu "vendeur" malgré tout sur un produit (ce que reprochent précisément les industriels au système du Professeur Hercberg en avançant qu’aucun aliment ne serait bon ou mauvais en soi puisque tout serait affaire d’équilibre…), toutes les marques ont progressivement fait en sorte de revoir leurs produits pour les passer au vert. Et les initiateurs du projet de rêver au jour où certains industriels viendront collaborer avec eux et donner de manière volontaire et proactive leurs données, comme plusieurs marques le font désormais avec le projet SourceMap du MIT outre-Atlantique sur l’origine géographique des produits. En attendant, l’équipe ne compte pas s’arrêter là : dans la lignée de projets comme SkinDeep de l'ONG Environmental Working Group, elle vient de créer une base de données en Français sur les produits cosmétiques, Open Beauty Facts.