L’obsolescence programmée modèle notre consommation et notre vie quotidienne. Equipements électroniques non réparables et à fin de vie prématurée, meubles fragiles, prêt-à-porter éphémère, accessoires jetables..., En même temps, la prochaine révolution numérique est en marche : après l’Internet et les smartphones, les objets autour de nous communiqueront avec leur environnement et créeront un réseau, l’Internet des Objets. Dans ce contexte, est-il possible d’exploiter la manne de produits obsolètes pour créer des objets utiles et communicants de demain ? C'est la question centrale de Make It Up, qui se déroule ce week-end au marché Malassis, aux puces de Saint-Ouen. Mathilde Berchon, spécialiste du mouvement des "makers" (ces "bricoleurs du XXIe siècle") s'occupe de la communication du festival. Elle explique que cette rencontre originale et grand public est née de la collaboration entre de jeunes entreprises spécialisées sur le DIY (Do it Yourself), les objets connectés à Internet, l'Open Source et l'upcycling. Objectif : interpeller via des débats citoyens sur la question de l'obsolescence programmée de nos objets quotidiens, débattre de solutions pratiques, montrer qu'il est possible de fabriquer en un temps court des objets recyclés, durables et connectés, imaginer les objets que nous utiliserons demain. "On entend souvent dire que le DIY et l'électronique ouverte permettent de réutiliser, recycler et améliorer nos objets devenus obsolètes. Nous voulions mettre ces idées en action et les présenter auprès d'un large public, pas forcément familier de tout ça. Il y a aussi une dimension de plaisir à imaginer une nouvelle vie à ses objets, se les réapproprier, consommer autrement." L'événement a donc commencé le week-end dernier avec six équipes pluridisciplinaires (designers, développeurs, ingénieurs mécaniques, électroniciens, scénographes, marketeurs) qui avaient pour objectif de créer des prototypes d'objets communicants et durables à partir d'une caverne d'Ali Baba d'objets obsolètes, cassés ou abandonnés, avec en prime un mini FabLab (lieu de fabrication numériqe équipé de machines comme une imprimante 3D, une thermoformeuse, une machine à découpe laser,...) et d'électronique open source (arduino, ...). Résultat des courses : six prototypes amusants, aussi utiles pour certains que culturellement intrigants pour d'autres, comme le Pictoast, grille-pain recyclé qui permet de customiser les toasts de ses proches, ou le Blend Up, mixer qui broie du papier et le transforme en matériau de construction prêt à être utilisé. Ces objets étaient présentés ce week-end, et leurs concepteurs étaient présents pour expliquer comment reproduire l'objet à la maison – la documentation sera partagée en ligne. En parallèle, les visiteurs pouvait participer à des ateliers d'upcycling en continu sur les deux jours, pour pouvoir eux aussi créer des objets à partir de matériel de récupération, en étant aidé et conseillé par des designers.