Initiée au Danemark (par les associations de consommateurs, de lutte contre le diabète ou les maladies cardio-vasculaires… mais aussi par les associations professionnelles des producteurs de lait ou des distributeurs), une campagne européenne anti-GDA (Guideline Daily Amount ou Repères Nutritionnels Journaliers - RNJ) s’attaque aux étiquettes nutritionnelles des produits alimentaires transformés, au moment où l’Union Européenne envisage d’en généraliser l’utilisation. Les RNJ se trouvent sur les étiquettes des produits transformés (des yaourts jusqu’aux chips et en passant par les céréales pour enfants) et présentent sous la forme d’un tableau simple la part de l’aliment dans les apports nutritionnels conseillés sur cinq dimensions : calories, sucres, lipides, acides gras saturés et sel. Beaucoup s'y fient pour choisir les produits à donner aux enfants ou aux personnes en surpoids… mais ils sont pourtant de plus en plus controversés et accusés par certains, même, de participer au développement de l’obésité - notamment des enfants.
Alors où se trouve le vice caché ? Selon les initiateurs de la campagne, la base même de ces repères est biaisée car elle est calculée en fonction des besoins nutritionnels journaliers d’une femme de 40 ans, soit 2000 kcal / jour. Or beaucoup de ces produits transformés sont consommés par des enfants qui n’ont besoin que de 1000 kcal / jour. Il faut donc doubler le pourcentage d’apport énergétique affiché sur les étiquettes lorsque le produit est consommé par un enfant, ce que beaucoup de consommateurs ignorent évidemment. Un second problème est que les RNJ sont calculés sur la base de portions très faibles : sur les paquets de céréales, la portion "de base" affichée est ainsi de 30gr… alors que les portions effectivement consommées chaque matin sont bien supérieures, même pour les enfants, ce qui signifie qu’il faut à nouveau doubler voire tripler les pourcentages affichés sur les paquets. Plus grave encore, selon la coalition anti-RNJ, les produits naturels ne sont pas valorisés dans ce système, ce qui permet par exemple à un soda light d’afficher un "meilleur" score qu’une pomme sur la teneur en sucre – alors même qu’il ne s’agit pas du tout du même type de sucre et du même impact sur la santé. Enfin, les nutriments (pourtant essentiels à la croissance et à l’équilibre alimentaire) tels que le calcium, les vitamines, le fer, les fibres, le magnésium… ne sont pas non plus intégrés dans la base de calcul des RNJ. Et la coalition de conclure : si on ne se fiait qu’aux RNJ, la plupart d’entre nous présenteraient de graves carences alimentaires.
Que faire alors ? Existe-t-il une alternative aux RNJ développés, comme la campagne le rappelle au passage, par les géants mondiaux de l’agro-alimentaire ? La base de calcul des apports nutritionnels pour laquelle militent les anti-RNJ est la densité nutritionnelle des aliments - un système qui confronte les apports en nutriments et minéraux aux apports énergétiques, évaluant ainsi s’il s’agit de calories "vides" ou au contraire riches en nutriments. Si la teneur en nutriments est élevée alors que l’apport énergétique est faible, la densité nutritionnelle sera élevée, signe que ces aliments sont meilleurs pour la santé. Avec ce système, les choux présentent des densités nutritionnelles variant entre 1000 et 300, quand les sodas et les frites affichent 1 à 9 de densité. L’ordre est enfin rétabli !