Décidément la pureté du lait n’en finit pas d’être remise en cause : après la dénonciation par Marianne du manque de transparence et d’engagement de Candia sur son lait "Oui aux petits producteurs", c’est le site d’information Rue89.com qui lance une salve destinée à Lactel. Pour quelle raison ? Non contents d’avoir lancé il y a une quinzaine d’années le lait de croissance enrichis en fer et en graisses, que beaucoup considèrent comme une entourloupe marketing (un argument nutritionnel jouant sur la culpabilité des parents et mis en cause par certains pédiatres, un goût sucré et vanillé – avec de la vanille de synthèse, un prix deux fois plus élevé que du lait standard, une raison de plus de multiplier les produits et les emballages) et qui d’ailleurs n’existe pas partout (en suisse par exemple), les fabricants semblent avoir décidé d’en rajouter dans l’inflation de produits "pointus" : du lait de croissance au lait "maternelles" puis "primaire", "collège" et pourquoi pas demain "ménopause" ou "maisons de retraite", il n’y a qu’un pas que Lactalis, troisième groupe laitier mondial, vient de franchir avec un lait explicitement baptisé "123 Ecole".
Rue89 cite avec délectation le dossier de presse de la marque, qui explique : "Les enfants dès 3 ans vont pouvoir découvrir avec plaisir tout le bon goût du lait de vache, dans une formule adaptée à leurs besoins, en relais du lait de croissance." Car, souligne avec humour l’article, le lait de vache ne contient en effet pas de vanilline ! Selon l’auteur-détracteur, l’autre avantage du lait 123 Ecole, c’est qu’il va améliorer les compétences arithmétiques des 3-6 ans, puisqu’il est vendu 50% plus cher que son équivalent "banalisé" classique. Et de rappeler que ces efforts pour "débanaliser" le lait ont sans doute pour but la croissance du chiffre d'affaires… plus que celle des enfants : en effet, le segment du lait de croissance est pratiquement le seul de l'alimentation infantile à avoir progressé récemment, et en dix ans, les sommes dépensées par un ménage acheteur du banal lait UHT demi-écrémé sont passées de 57 à 54 euros par an, tandis que celles des ménages achetant du lait de croissance sont passées de 43 à 59 euros.
Pas étonnant du coup que les experts de la consommation responsable (voir par exemple "La consommation responsable de A à Z" de Marie-France Corre – ed. Village Mondial) conseillent de leur côté de délaisser ces produits industriels qui dénaturent un aliment en lui faisant subir force transformations et ajouts : mieux vaut sans doute mettre le différentiel de prix dans du lait bio et/ou de proximité lorsque cela est possible...