Cette innovation environnementale ne surprendra pas ceux qui, dans leur enfance, s'amusaient à tracer avec leurs doigts des mots ou des dessins sur les vitres des véhicules un peu sales... Dans le mouvement (artistique au départ) du "reverse graffi", le street-artiste utilise, en plus de ses pochoirs et à la place des bombes de peinture, des instruments de nettoyage (de type Kärcher) pour faire apparaître sur les trottoirs ou sur les murs des inscriptions ou illustrations - dont les contours sont clairement découpés par contraste avec les surfaces urbaines salies par la pollution ou la poussière. Le résultat est assez durable, puisqu'il a le mérite de ne pas salir, littéralement puisqu'il les nettoie partiellement, les villes. Du coup, la pratique est légale en France en tout cas (en Suisse par exemple, la loi interdit les messages sur le sol, quel que soit le moyen employé)...
Arrivée dans l'hexagone sous le nom de "clean-tag" et portée par une jeune agence du même nom implantée à Paris et à Nantes, elle est désormais aussi utilisée par les marques soucieuses de valoriser leur présence dans les rues, au plus près de leurs consommateurs, et de manière écologique de surcroît : après Starbucks ou Green Works aux USA, la marque de détergents écologiques Rainett a eu recours au procédé en juin dernier, à Paris, pour orienter le public vers une animation visant à sensibiliser les enfants de manière ludique et pédagogique à l’importance de la préservation de l’eau douce... Et les militants s'y mettent aussi : l'ONG environnementale Greenpeace, fan du procédé, y a également eu recours récemment pour faire apparaître la silhouette de Dark Vador sur les trottoirs parisiens, à l'occasion du lancement de sa dernière campagne contre Volkswagen. Et Clean Tag d'argumenter sur les vertus écologiques de cette forme de publicité : pour ses nettoyeurs haute pression à faible consommation d'eau, l'agence spécialisée dans le street-marketing utilise les eaux fluviales accessibles à proximité (ex. l'eau de la Seine à Paris) et la quantité d'eau utilisée est d'environ 20 litres par marquage - pour une visibilité moyenne de 5 semaines et des (dizaines de) milliers de clients potentiels, soit "quelques "fractions de gouttes d'eau" par client" !