Les abeilles, par leur activité de pollinisation, assurent la reproduction des plantes (fruits, légumes, céréales) essentielles à notre alimentation. Pourtant, avec l’industrialisation de l’agriculture en marche depuis des décennies, ces ouvrières ont vu venir un ennemi de taille à leur survie : les pesticides. Le sujet est brulant : alors qu’en septembre 2015, la Fondation Nicolas Hulot alertait une fois de plus sur la dangerosité des pesticides néonicotinoïdes, ces « tueurs d’abeilles » responsables de la disparition progressive de trois colonies d’abeilles sur quatre dans certaines régions françaises, l’Assemblée Nationale votait il y a quelques semaines leur interdiction à partir du 1er septembre 2018, dans le cadre du projet de loi sur la biodiversité. Sauf que ! Ces fameux néonicotinoïdes sont de nouveau au cœur des débats au Parlement après que les sénateurs aient en effet rétabli en commission le texte initial du projet de loi, en prévoyant qu’un arrêté du ministre de l’Agriculture définisse les conditions d’utilisation de ces pesticides, sans toutefois évoquer d’interdiction. Le maître mot serait la réglementation, plutôt que l’interdiction et c’est là tout l’objet des débats qui ont lieu depuis hier à l’Assemblée National.
En attendant, le travail de sensibilisation sur la dangerosité des pesticides, pour les abeilles mais aussi pour les Hommes, continue du côté des ONG. Le mouvement Sum of Us réunissant une communauté de travailleurs, consommateurs et investisseurs qui force grandes entreprises et gouvernements à rendre des compte sur les enjeux de changement climatique, protection de l’environnement, droits humains et droits des animaux (mais aussi droit du travail, …), veut pour sa part illustrer concrètement l’importance capitale des abeilles pour la survie de l’espèce humaine. L’ONG a ainsi développé un calculateur qui démontre aux consommateurs à quel point nous dépendons des abeilles pour produire ce que nous mangeons. Rien de plus simple : en 1 minutes, après avoir rentré sa date de naissance et son genre (les hommes mangent en moyenne plus que les femmes), chacun-e peut découvrir la quantité moyenne de nourriture consommée et celle qui a été produite grâce aux abeilles et autres insectes pollinisateurs. Nous avons fait le test : sur 15 000 kg de nourriture consommés par une personne de sexe féminin née au début des années 1990, près de 5 000 kilos, soit le tiers, proviendraient indirectement de l’activité de pollinisation des abeilles ! Un chiffre qui révèle l'enjeu de taille qui se cache derrière ces butineuses ...
Edit du 13 mai 2016 : Hier, les sénateurs ont adopté en seconde lecture le projet de loi sur la reconquête de la biodiversité. Sur la question des pesticides néonicotinoïdes, ils ont refusé de fixer une date butoir pour leur interdiction et s'en remettent à l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail). Source : Novethic.