A son lancement il y a cinq ans, la campagne Detox de Greenpeace avait fait l’effet d’une bombe dans le monde de l’industrie textile en révélant au grand jour l’usage de produits chimiques toxiques dans la fabrication de nos vêtements. Nombre d’entre elles avaient alors protesté, soulignant l’impossibilité de supprimer totalement ces produits de leur chaine de production et d'approvisionnement. Pourtant, certaines marques de l’industrie textile ont pris depuis des engagements dans ce sens, à l’instar d’H&M qui en 2013 a annoncé vouloir supprimer les composants perfluorés ou encore Benetton, Inditex (Mango) et Uniqlo qui ont rejoint les rangs des entreprises engagées dans une « désintoxication » de leur chaine de production.
En 2016, Greenpeace a décidé d’évaluer les efforts des 19 marques de vêtements (mode et sport) qui se sont engagées à éliminer toute utilisation de produits chimiques dangereux d’ici 2020. Cette évaluation s’est basée sur trois critères : la mise en œuvre d’un plan concret de la part de la marque, l’élimination des composés perfluorés et la transparence concernant les rejets de produits dangereux par les fournisseurs. Les résultats démontrent que si certaines de ces marques semblent avoir baissé les bras, des efforts plus ou moins importants sont en cours de réalisation chez d’autres marques. En tête de ce Podium Detox figurent deux des plus grandes entreprises de mode au monde, H&M et Inditex (Zara) ainsi que la marque italienne Benetton. Toutes trois ont fait des progrès sur l’ensemble des critères définis par Greenpeace. Sur la deuxième marche, on retrouve 12 marques qui, selon Greenpeace, pourraient mieux faire et tardent à atteindre leur objectif de désintoxication : Adidas, Burberry, C&A, Fast Retailing (Uniqlo), G-Star, Levi’s, Mango, Marks & Spencer, Miroglio, Primark, Puma et Valentino sont pointées du doigt. En tête de peloton, Nike, LiNing, Esprit et Victoria’s Secret sont à la traîne. Hors classement, Greenpeace a identifié de nombreuses marques qui refusent toujours de rejoindre la tendance d’une mode non toxique et poursuivent la fabrication de vêtements contenant des produits dangereux et polluants. Parmi elles, on retrouve Armani, Diesel ou GAP mais aussi des marques françaises de luxe.
Si 76 marques et fournisseurs se sont engagés à ce jour en faveur d’une élimination complète des produits chimiques dangereux de leur chaîne d’approvisionnement, ces entreprises ne représentent aujourd’hui que 15% de la production textile mondiale selon Greenpeace, soit une goutte d’eau dans l’océan. L’ONG révèle également que l’utilisation de produits toxiques dans la mode entraine la pollution des cours d’eau situés à proximité des sites de production textile et mettent en danger les populations locales. Au delà d’une désintoxication de l’industrie de la mode, Greenpeace en appelle donc à une profonde refonte de l’industrie textile et une nécessaire transformation de notre modèle de consommation.
Voir l’intégralité du classement Detox 2016 (en anglais)