Le projet Bin2Grid, financé par l’Union Européenne, a pour objectif de promouvoir la collecte séparée des déchets alimentaires pour les réutiliser comme source d’énergie. Selon le Guide pour la méthanisation de déchets de l’industrie agroalimentaire mené dans le cadre de cette initiative, la transformation du poisson produit de grandes quantités de déchets solides et liquides. D’ailleurs, environ la moitié des matières premières n’est pas utilisée dans le produit de consommation finale. Sur les côtes bretonnes, 145 000 tonnes de poissons ont été pêchées en 2015 selon le système d’informations halieutiques (SIH) de l'Ifremer, produisant ainsi une quantité de déchets marins alarmante … Face à ce constat, Corentin Vitre, fraîchement diplômé de l’École d’art de Brest, a décidé de valoriser les déchets issus de la filière maritime en transformant les peaux de poissons en cuir 100% « made in Breizh ». Il a décidé de nommer son projet « Krak’hen », un mélange entre le mot breton « kroc’hen » qui signifie « peau » et Kraken, l’animal fantastique. Pour fabriquer ses créations, Corentin Vitre se rend chaque semaine dans les poissonneries de Brest et chez Kyss Marée, un mareyeur de Concarneau, pour y récupérer des peaux d’espèces de poissons différentes, de la sole au grenadier en passant par la dorade ou le lieu jaune. Afin d’élaborer un processus de tannage respectueux de l’environnement, il s’est associé à Sophie Menguy, étudiante en biologie à l'Université de Bretagne Occidentale (UBO). A l’inverse des procédés industriels de tannerie basés sur des produits polluants, les peaux de la marque « Krak’hen » baignent dans un traitement végétal 100% écologique, à base d’écorces d’arbres, pour retirer les tanins et obtenir un cuir souple et sans odeur. Pour atteindre son objectif, à savoir créer des produits dans le domaine textile, maroquinier et luminaire, des étudiants en Gestion des Entreprises et des Administrations (GEA) à l’UBO ont également pris part au projet pour réaliser un business plan solide. La première création de la marque est un perfecto en cuir de poisson ayant bénéficié d'un tannage naturel aux écorces de chêne du Parc Naturel d'Armorique. Lauréat du prix de l’innovation de la Fondation Banque Populaire de l’Ouest en 2016, le projet « Krak'hen » a bénéficié de 5 000 euros, une somme non négligeable pour aider cette marque innovante à se développer ! La mode éthique se démocratise peu à peu … D’ailleurs, depuis 2014, la marque Les Récupérables conçoit et fabrique des vêtements féminins à partir de tissus collectés dans des organismes solidaires. Pour les hommes, il existe aussi la marque La Gentle Factory, qui crée des pièces de manière éco-responsable.