Crise économique oblige, les Français dépensent moins et traquent le superflu. Le secteur textile la subit de plein fouet : en 2008, le secteur aurait connu une baisse de 5 % des dépenses. Du coup, selon Jean-Pierre Mocho, président de la Fédération française du prêt-à-porter féminin, l’année 2009 est marquée par le retour aux fondamentaux : "ce qui marche, c’est tout ce qui est susceptible d’être porté plus d’une saison, et donc d’inspiration plus sage". Après le "slow food", voici donc venu le "slow fashion", une tendance qui ne fait pas de mal à la planète – car acheter moins de vêtements en privilégiant les pièces de qualité qui dureront plus d’une saison est un sain principe de consom’acteur. Autre tendance tout aussi positive pour la planète : le recyclage créatif, en anglais "up-cycling". Le recyclage des vêtements avait déjà le vent en poupe, et il semblerait que cette tendance dans l’habillement se confirme, en peaufinant le principe : contrairement au recyclage, qui fait des objets moins beaux que les originaux, il s’agit ici de donner une deuxième vie aux vêtements en les rendant plus beaux. Une idée qui séduit cette saison de nombreuses marques et créateurs, au point que le quotidien Les Echos leur a même consacré une page entière récemment. Ainsi, les créations de Guillemette Thiercelin, qui vont des chaussures aux vêtements en passant par des sacs, des bijoux ou des objets de décorations, sont des pièces uniques recréées à partir de matériaux de récup’ et customisées avec poésie. Fi selon elle du neuf "sans odeur ni propriété … ce tyran qui trop souvent pousse à consommer à tout va, sans discernement" : le recyclage créatif, lui, donne un "supplément d’âme, d’énergie et de conscience". Dans le même esprit, la styliste Maroussia Rebecq, fondatrice de la marque Andrea Crews, a retaillé pour La Redoute, l’hiver dernier, des cardigans pour homme "maison" transformés en une série limitée de petites robes toutes différentes. Plus insolite, la marque américaine "Teddylux" qui propose de faire des peluches et autres doudous pour enfants (des lapins, des ours et des éléphants) à partir de vos vieux pulls en cachemire (voir les conditions de réalisations et les prix des doudous sur le site web). Signe des temps, Christian Lacroix a lui aussi craqué pour cet art, en créant des pièces uniques à partir de vêtements donnés pour le défilé de mode du dernier Salon Emmaüs… Et l’on raconte enfin, dans les milieux bien informés, que la maison Hermès proposera bientôt, sous la houlette de sa directrice artistique Pascale Mussard, des séries limitées d’objets réalisés à partir de matériaux insolites ou de récupération – une affaire à suivre.