Malgré son interdiction depuis janvier dernier dans les produits destinés aux enfants de moins de trois ans, le Bisphénol A n’en finit pas de faire des remous : un rapport de l'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (Anses) a rendu publique l’évaluation définitive de cette fameuse substance chimique. Largement décriée, elle est notamment soupçonnée d’être un puissant perturbateur endocrinien, déréglant entr'autres le développement cérébral, les glandes mammaires, le système reproducteur femelle et le métabolisme, et favorisant ainsi le développement de tumeurs. Rappelons que le Bisphénol A (aussi appelé BPA) est présent dans bon nombre d'objets du quotidien, dont les tickets de caisse et les boîtes de conserve métalliques : ces dernières sont responsables de la moitié de l’exposition au Bisphénol A liée à l’alimentation, par exemple. Le rapport avance d’ailleurs pour la première fois une estimation de l’exposition réelle de la population au BPA, en tenant compte des tous les vecteurs possibles (alimentaires, cutanés et respiratoires). La situation est particulièrement alarmante pour les enfants à naître et les femmes enceintes - pour lesquelles l’alimentation seule représente déjà plus de 84 % de l’exposition. A noter : l’Anses n’a pas pris en compte l’exposition aux produits cosmétiques et aux dispositifs médicaux, qui sont en-dehors de ses champs de compétences.
La conclusion du rapport n'en est pas moins sans ambiguïté : "il y a nécessité de réduire l’exposition au BPA". Les fabricants d’emballages alimentaires sont particulièrement visés par cette pression : s’il existe en effet des substituts au bisphénol A, certains industriels rechignent à les utiliser, rétorquant qu’ils ne couvrent pas la totalité des usages actuels, et qu'ils engendrent pour l’instant un surcoût.... A l’inverse, d’autres fabricants n’ont heureusement pas attendu ce rapport pour trouver des alternatives, qui fonctionnent et séduisent de plus en plus de consommateurs soucieux de leur santé. C’est le pari qu’a réussi le groupe alimentaire américain Eden Food, en remplaçant le BPA à l'intérieur de ses boîtes de conserve par un revêtement à base de résine végétale dès 1999, moyennant un prix de 20 à 30% supérieur. Alors, en attendant l’interdiction du Bisphénol A dans tous les produits de consommation – prévue en 2014 et déjà repoussée à 2015, la vigilance reste de mise, notamment pour les femmes enceintes !