A Pincé, petit village de la Sarthe de 197 âmes, Lydie Pasteau, Madame le maire, a remis fin septembre, lors d'une cérémonie tout à fait officielle en présence de personnalités locales et de Jean-Pierre Coffe, parrain de l'initiative, un couple d' éco-poules (sic !) à 31 familles sur les 87 que compte la commune. Pourquoi ces gallinacés repeints en vert ? Tout remonte à une réunion de la communauté de communes de Sablé-sur-Sarthe (dont Pincé fait partie) en mars dernier, où il fut décidé de créer une taxe incitative sur les ordures ménagères. A compter du 1er janvier 2013, ladite taxe sera partiellement indexée sur la quantité réelle de déchets jetés par chaque foyer. "On n'a rien inventé, on a remis au goût du jour une façon ancestrale de réduire les déchets", relativise Nicole Foucault, première adjointe à l'origine du projet. Le principe : les déchets (épluchures, reliefs de repas, denrées périmées, ...) sont donnés aux poules, comme le faisaient nos grands-mères - un couple de poules peut avaler 300 kg de déchets organiques et pondre 400 œufs par an. Réduction des déchets, diminution des charges, production d'œufs frais à domicile, action pédagogique sur les enfants, renforcement du lien social entre voisins qui partagent un poulailler ou s'entraident lorsque l'un s'absente, le projet n'a que des avantages : à Mouscron, une agglomération belge de 50 000 habitants près de Tourcoing, une expérience similaire rencontre un franc succès depuis deux ans.
A Pincé, les familles "adoptantes" ont signé un "contrat d'adoption" dans lequel elles s'engagent à bien traiter leurs poules de Loué, à les nourrir et à leur offrir la nuit un abri contre les prédateurs - avec, en prime, interdiction formelle de les passer à la casserole avant deux ans. Chacune est repartie avec son carton de deux poules (estampillé "Vous allez en « Pincé » pour ces poules") et un sac de grains de 5 kg. La famille Laurent, servie la première, a baptisé ses poules Ségolène et Valérie (sans commentaires !). Coût de l'opération pour la commune : 600 € "poules et grains compris". Autant dire que la déferlante des poules (qui ont la côte en ces temps de crise) n'a pas fini de se répandre sur l'hexagone, des jardinets urbains aux villages de nos campagnes...