Comme évoqué précédemment, le terme d'ubérisation en vient désormais à désigner la façon dont le moins-disant économique (baisse continue des prix pour le client) est aussi, souvent, un moins disant social… à l’autre bout de la chaîne. Pour autant, les défaillances du modèle Uber ouvrent des brèches, d'un côté et de l'autre de l'Atlantique, pour des concurrents plus éthiques et responsables.
Certains travaillent ainsi la valeur d'usage du service, et le problème sociétal auquel il répond, plus que sa valeur marchande : dans un contexte compliqué au regard de l’interdiction d’UberPop et de la nécessaire adaptation du cadre juridique et fiscal pointée par le rapport Terrasse, Heetch se bat à Paris pour poursuivre son activité et éviter les amalgames. En effet, Heetch revendique être une solution de mobilité nocturne, entre 20h et 6h du matin, pour les jeunes (80 % des gens qui utilisent nos services ont entre 18 et 25 ans) et principalement en banlieue (2/3 des trajets). Le projet a été pensé pour répondre aux besoins des jeunes qui sortent et qui sont pris en otages entre le manque de transports en commun et les solutions professionnelles ne correspondant pas à leurs attentes, en termes de tarifs et d'ambiance. Du coup, il répond à au moins trois enjeux sociétaux : le désenclavement des banlieues, la flexibilité et la sécurité des déplacements de nuit, et la (non) conduite des jeunes en état d’ivresse. Concrètement le client a le droit de donner ce qu'il souhaite aux chauffeurs qui sont non-professionnels. Il peut très bien ne rien donner et la plupart du temps le tarif est proche d’un ticket de transport en commun (la course varie de 8 à 16 euros soit de 2 à 4 € par passager quand un ticket coûte plus de 3 € pour aller en banlieue proche). En réalité, selon Heetch, la personne transportée offre tout simplement une contribution ou une participation aux frais annuels de voiture du conducteur – lequel ne peut pas toucher plus du budget annuel moyen d'une voiture, soit 6000 euros par an. Des nuances pas évidentes à communiquer, mais qui changent tout quand même.
Pour en savoir plus, voir la récente tribune de Thomas Busuttil d'Utopies "Pour une consommation collaborative responsable et vertueuse" dans Le Monde.