Chaque année, le Global Footprint Network, une organisation internationale de recherche environnementale, calcule le « jour de dépassement » c’est à dire celui où la consommation des ressources naturelles de notre planète excède ce que la nature est capable de regénérer sans entamer son capital. Et chaque année, ce jour fatidique intervient de plus en plus tôt … L’organisation a récemment révélé que la planète vivait au dessus de ses moyens depuis le 13 août 2015, soit 6 jours plus tôt qu’en 2014. En huit mois seulement, l’humanité a cette année encore consommé la totalité de son « budget écologique » annuel, et dépassé la capacité de la planète à renouveler les ressources consommées en un an. Pour satisfaire nos besoins de consommation, nous n’aurons pas d’autre choix que de puiser dans les stocks de ressources naturelles au-delà du « quota » dont nous aurions dû nous satisfaire pour ne pas entamer notre « capital terre » et vivre, simplement, des intérêts de ce capital. Autrement dit : notre surconsommation nous fait vivre au-dessus de nos moyens et grossit notre « dette écologique » pour les années suivantes, et les générations futures !
Selon les données recensées par le Global Footprint Network, le seuil critique a été dépassé au milieu des années 1970, époque à laquelle nous sommes entrés en situation de dette écologique ; et si la tendance actuelle persiste, nous aurions besoin de deux planètes d’ici 2050 pour faire face à nos besoins annuels. Le plus inquiétant, c’est que l’épuisement des ressources naturelles s’accélère : en 2005, le jour du dépassement global tombait le 20 octobre et, en 2000, le 1er novembre. Là où l’humanité utilisait un peu plus de la moitié des ressources naturelles disponibles au début des années 1960, elle dépasse aujourd’hui de plus de 50% la capacité planétaire (il faudrait donc déjà 1,5 planètes pour répondre aux besoins de l’humanité).
Et d’ores et déjà 86 % de la population mondiale vit dans des pays qui demandent plus à la nature que ce que leurs propres écosystèmes peuvent renouveler.
Les premières responsables de l’augmentation de notre empreinte écologique sont nos émissions de CO2. D’après l’ONG, 85% de la biocapacité totale de la planète sont aujourd’hui nécessaires pour absorber les gaz à effets de serre émis par l’Homme. A quelques mois de la COP 21 qui se tiendra à Paris, cette nouvelle inquiétante montre que la nécessité de prendre des engagements internationaux forts pour réduire nos émissions se fait d’autant plus pressante. D’après Sebastian Winkler, vice-président de Global Footprint Network, « si nous arrivons à nous accorder sur une réduction de 30% de nos émissions de CO2, nous pourrons infléchir la courbe ». Les leviers d’action seraient alors multiples : transformation de nos systèmes énergétiques, densification des villes ou encore réduction de la place de la viande dans notre alimentation …
Vaste chantier pour la COP 21 !